Fête des voisins: Quand les relations de voisinage tournent à l'orage
VIVRE ENSEMBLE•Selon un sondage de budget-maison.com, 84 % des Français indiquent avoir déjà connu des soucis avec leurs voisins...Il a tiré en direction de ses voisins à l’aide d’une carabine à plomb, parce que ces derniers lui demandaient de faire moins de bruit. Cette histoire relayée ce jeudi dans le Courrier de l’Ouest, ressemble à beaucoup d’autres, qui sont racontées chaque semaine dans les médias locaux. Car les conflits de voisinage sont légion, aussi bien en zone urbaine qu’en zone rurale, comme le souligne un sondage réalisé par budget-maison.com*, rendu public à l’occasion de la fête des voisins qui a lieu ce vendredi. Selon lui, 84 % des Français indiquent avoir déjà connu des soucis avec leurs voisins.
Principales sources de conflit : les nuisances sonores (40 %), les problèmes de clôture (14 %), les contentieux liés aux animaux (12 %) et ceux relatifs au stationnement (10 %). « Le bruit est un facteur de stress qui rend agressif. Du coup, une voisine qui marche sans cesse sur un parquet en bois avec des talons, un autre qui met de la musique ou la télévision très fort ou un chien qui aboie toute la journée, peuvent générer des querelles importantes », commente Jean-Claude Delarue, porte-parole de l’association SOS bruit.
Des nuisances qui finissent par « taper sur les nerfs »
« Mais tout peut être un motif d’altercation entre voisins. Comme le jet de mégot par la fenêtre, une odeur de cuisine déplaisante, une parabole placée sur la terrasse, le fait de salir la cage d’escalier ou du linge qu’on fait sécher à la fenêtre », observe de son côté Emile Hagège, directeur d’une association de copropriétaires Arc-Unarc. Pour les copropriétaires, beaucoup de conflits naissent aussi autour de la gestion des immeubles, ajoute-t-il : « les assemblées générales des copropriétés deviennent de plus en plus houleuses en raison de l’augmentation des charges. Certains copropriétaires veulent aller à l’économie, d’autres veulent au contraire faire des travaux d’embellissement, ce qui cause des désaccords parfois violent », constate-t-il.
aEt les querelles de voisinage semblent n’épargner personne : « dans les immeubles où règne une grande promiscuité, les conflits surviennent régulièrement. Mais dans les zones pavillonnaires où la concurrence entre voisins fait parfois rage et où les gens exigent un certain standing, les altercations sont aussi récurrentes », constate Thierry Calvat, sociologue. Et si l’on peut penser que lespersonnes âgées qui passent plus de temps chez elles, sont promptes à se plaindre de leurs voisins, elles ne sont pas les seules : « les gens qui "vivent" leur immeuble et qui souhaitent que cet endroit leur ressemble sont ceux qui critiquent le plus souvent leurs voisins », constate Emile Hagège.
*« Cela tourne souvent au dialogue de sourds »
Si les nuisances du voisinage peuvent être supportables quand elles sont occasionnelles, « elles finissent par taper sur les nerfs quand elles sont répétitives et générent de la fatigue », indique Laurent Gaulet, auteur de 150 idées pour emmerder ses voisins.** « Ceux qui s’en sentent victimes estiment qu’elles tiennent du non-respect de l’autre », estime Laurent Gaulet. Autre raison qui explique que ces conflits prennent souvent une tournure passionnelle selon Thierry Calvat. : « Le chez soi, c’est l’endroit où l’on est totalement maître. On a donc du mal à partager l’espace et à considérer le point de vue de l’autre ». Un avis partagé par Jean-Claude Delarue : « Les gens considèrent qu’ils sont libres de faire ce qu’ils veulent chez eux. A partir du moment où un voisin leur fait comprendre que ce n’est pas le cas, le rapport de force s’enclenche », explique-t-il.
Car si les voisins commencent généralement par se parler, certains conflits dégénèrent lorsque l’auteur des nuisances refuse de changer son comportement. « Cela tourne souvent au dialogue de sourds, qui peut aller des insultes, à l’agression physique, jusqu’au procès », constate Emile Hagège. Ainsi, les deux tiers des Français affirment avoir déjà appelé la gendarmerie ou la police pour arbitrer un conflit et 15 % avoir eu une altercation physique avec leur voisin, selon le sondage de budget-maison.com. Et lorsque la situation s’envenime, elle peut créer de gros dégâts : « certaines personnes font des dépressions, d’autres décident de guerre lasse de déménager », indique Laurent Gaulet.
Pour éviter de telles extrémités, il existe cependant des solutions. « Nous conseillons toujours aux personnes qui souffrent denuisances sonores d’aller en parler avec un rameau d’olivier à la main, car souvent c’est souvent le ton sur lequel est fait le reproche au voisin qui déclenche le conflit », indique Jean-Claude Delarue. Les médiations proposées par les mairies sont aussi très efficaces pour trouver un compromis. Et pour prévenir ce genre de conflit, Thierry Calvat vante les mérites de la fête des voisins : « c’est l’occasion de déconstruire les représentations, de mieux comprendre le rythme de vie du voisin et d’accepter l’idée qu’on fait partie d’un collectif », insiste le sociologue.
*Sondage réalisé en avril 2016 auprès de 2.300 personnes.
**Petit livre des 150 idées pour emmerder ses voisins, First éditions, 2,99 euros.