REPORTAGEQui est la djihadiste bretonne de Daesh?

Les aveux d'Emilie Koënig, égérie bretonne de Daesh, révélés dans un reportage inédit

REPORTAGEEmilie Koënig a quitté la France pour la Syrie en 2012. Peu avant son départ, elle était interrogée dans le cadre d’une enquête sociologique sur le voile intégral. A l’époque, elle disait déjà son envie de partir au Moyen-Orient…
W.P.

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Qui est vraiment Emilie Koënig, égérie de Daesh, première recruteuse de djihadistes en France ? L’Obs a publié, ce vendredi, les images rares d’un reportage réalisé par Agnès De Féo peu avant le départ de celle qui se fait désormais appeler Ummu Tawwab. L’enquête porte alors sur le voile intégral, qu’Emilie Koënig considère comme « une deuxième peau », bien qu’elle ne le porte paradoxalement que depuis son interdiction par la loi, en 2010, et qui traduit, comme l’explique le sociologue Michel Wievorka, « un désir de revanche » sur une société qui la rejette, et réciproquement.

« Je ne supporte plus le regard des gens »

Dans la vidéo, on voit la jeune femme, totalement couverte, accueillir aimablement son invitée en lui préparant des crêpes. Très vite, la Bretonne laisse sa bonne humeur de côté pour raconter un contrôle policier rabaissant (« une policière m’a palpée violemment et même les parties intimes […] j’ai été humiliée, je me suis sentie sale ») dont elle a été victime alors que « je me rendais à la mairie pour régler une facture pour la cantine de mes enfants », vêtue d’un voile intégral. « Je suis respectueuse, pourquoi on ne me respecte pas ? », s’interroge-t-elle, face à la caméra. « Je ne supporte plus les gens », désespère-t-elle plus tard.

Bien que tenant un discours très politisé, Emilie Koënig dit également ne pas voter car « les politiques sont contre les femmes musulmanes, contre nous, les musulmans. »

Abandonnée par son père, frappée par son premier mari

Les différents sociologues amenés à analyser le discours de la jeune femme expliquent son virage djihadiste comme étant le résultat d’une succession d’événements ayant façonné une vie jalonnée par les drames. Abandonnée par son père, convertie à l’islam à 17 ans, barmaid et probablement exposée au monde de la prostitution, elle se marie avec un individu proche du milieu de la drogue qui lui fera subir des violences conjugales, avant de divorcer et de partir vivre seule avec ses deux enfants. Dans le reportage, la jeune femme dit vouloir partir au Yémen avec eux, mais finira par les abandonner en France dans une logique de sacrifice pour mener le djihad.

Féminisme djihadiste

Emilie Koënig passe la frontière turco-syrienne et devient Ummu Tawwab (« mère de celui qui pardonne »). Elle n’ira pas plus loin que la région au nord d’Alep, et se marie avec un djihadiste français, aujourd’hui décédé, avec qui elle a un enfant. Elle apparaît sur plusieurs vidéos dans laquelle on la voit s’exercer au fusil à pompe, incarnant ainsi une forme de féminisme au sein de Daesh et toute l’ambivalence de ce mouvement. « Elle peut être djihadiste en tant que femme, elle peut porter le fusil avec cette espèce de côté viril », analyse Raphaël Liogier, sociologue du fait religieux.

Elle figure sur la liste noire des autorités américaines

Emilie Koënig est aussi et surtout connue pour être devenue la première femme djihadiste inscrite sur la liste noire des terroristes internationaux établie par les autorités américaines. Depuis son établissement au Moyen-Orient, elle aurait réussi à recruter plus de 200 Françaises dans les rangs de l’Etat Islamique, contribuant ainsi à sa réputation de redoutable propagandiste et recruteuse.

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