PROCESA la barre, Michel Neyret reconnaît «s'être laissé déborder»

A la barre, Michel Neyret reconnaît «s'être laissé déborder par la situation»

PROCESJugé à partir de ce lundi, l'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon a admis des « imprudences » dans sa façon de gérer sa relation avec Stéphane Alzraa, qui aurait été selon lui un informateur...
Michel Neyret a fait profil bas, à son procès, le 2 mai 2016.
Michel Neyret a fait profil bas, à son procès, le 2 mai 2016. - BENOIT PEYRUCQ / AFP
Florence Floux

Florence Floux

Il est apparu un peu en demi-teinte. Pour l’ouverture de son procès pour corruption trafic d’influence, trafic de drogue et association de malfaiteurs ce lundi, Michel Neyret l’a joué plutôt discret, au tribunal correctionnel de Paris.

Si le costume gris anthracite était impeccable et la mèche toujours en place, l’ancien numéro 2 de la PJ lyonnaise s’est souvent montré tête baissée, voix un peu monocorde et paupière fatiguée avant de se laisser aller à quelque repentir.

Gilles Bénichou aux abonnés absents

Pas celui d’avoir commis de réelles fautes, car l’ex-star de l’antigang affirme ne rien avoir fait de mal au niveau de l’intention morale. Interrogé sur les fiches de police qu’il a livrées à Gilles Bénichou, un escroc de petite envergure avec qui il s’est noué d’amitié, pour que celui-ci les fasse parvenir à Stéphane Alzraa, mis en cause dans plusieurs affaires, Michel Neyret indique qu’il ne peut pas nier les faits « matériellement ». « Mais je n’ai jamais commis de violation du secret de l’instruction pour éviter de développer une enquête », se défend-il.

Au centre des débats se trouve évidemment la relation qui l’unit à Gilles Bénichou, malheureusement aux abonnés absents, en ce début de procès. Dommage, puisque c’est par ce personnage central de l’affaire que sont arrivés les ennuis pour Michel Neyret. Stéphane Alzraa, en cavale depuis fin 2015, n’éclairera pas plus les débats.

Stéphane Alzraa informateur, info ou intox ?

Personne ne pourra donc corroborer les déclarations du « super-flic » lorsqu’il explique qu’il a fait passer des renseignements sur d’autres voyous à Stéphane Alzraa via Gilles Bénichou « sur les bases d’un accord flic-indic que nous avions passé ». D’après l’ex-commissaire divisionnaire, le but était comme à son habitude de mettre en confiance ce nouvel informateur capable d’avoir des infos sur « le monde voyoucratique juif », dont les frères Lévy, bien connus des services de police. Stéphane Alzraa fréquente à l’époque des faits Hélène Lévy, nièce de David Lévy, un voyou lyonnais notoire, ce qui aurait donné l’idée au policier de se servir de lui pour obtenir des tuyaux.

Le problème, c’est que Stéphane Alzraa n’est pas sur la liste des informateurs du Bureau central des sources (BCS), qui les recense. « Je n’y inscris que les indics qui souhaitent obtenir une rémunération », explique Neyret. Et sur le fait que Alzraa n’ait livré aucun tuyau exploitable pour les services ? Les deux hommes entrent en contact par l’intermédiaire de Gilles Bénichou en février 2011. Neyret est interpellé le 29 septembre suivant. « J’étais en début de relation avec Stéphane Alzraa. Les meilleurs informateurs que j’ai eus au cours de ma carrière n’avaient toujours rien donné un an après. C’est un travail de long terme », se justifie Michel Neyret.

Au fil des heures, le policier toujours à la barre, lâche un peu de lest : « Je pensais à l'époque maîtriser les choses. Je n’ai pas fait preuve de professionnalisme dans leur gestion, d’une approche intelligente, je me suis laissé déborder par la situation. J’étais parti dans mes certitudes et mes habitudes », admet le prévenu. « J’ai été amené à faire des choses que je reconnais aujourd’hui être d’une grande imprudence. » En l’absence d’Alzraa et de Bénichou, Michel Neyret risque de se retrouver de longues heures à la barre jusqu’à la fin du procès prévue le 24 mai…