REPORTAGESimulation d'attentat en gare Montparnasse

Le Raid, le GIGN et la BRI réunis pour une simulation d'attentat en gare Montparnasse

REPORTAGELes trois unités d’intervention devaient démontrer ce mardi soir qu’elles sont parfaitement capables de coopérer et de se coordonner, comme le veut Bernard Cazeneuve…
Florence Floux

Florence Floux

Gare Montparnasse, mardi soir. Neuf terroristes pénètrent par l’entrée principale et commencent à tirer sur les gens au hasard. Affolés, les passants tentent de se réfugier où ils peuvent. Les assaillants se séparent, alors que la Bac arrive en premier sur les lieux.

Trois individus tentent de se retrancher dans la billetterie. La Bac parvient à neutraliser un des assaillants. Les deux autres se réfugient dans la consigne, avec des otages. De leur côté, les six autres terroristes ont continué d’avancer et se trouvent désormais sur le quai n°5 où sont stationnées deux rames de TGV. C’est dans ce train qu’ils se retranchent, eux aussi avec des otages.

Voici le scénario catastrophe auquel les hommes du Raid, de la BRI et du GIGN ont dû faire face dans la nuit de mardi à ce mercredi, au cours d’un exercice grandeur nature en présence du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

Un exercice grandeur nature

Le but était de faire la démonstration du bon fonctionnement du schéma national d’intervention annoncé un peu plus tôt dans l’après-midi de mardi. Soit la parfaite coopération et coordination des trois forces d’intervention du Raid (qui dépend de la police nationale), de la BRI (préfecture de police de Paris) et du GIGN (gendarmerie nationale).

Le patron du Raid, Jean-Michel Fauvergue, assure la direction des opérations, la BRI étant également placée sous son autorité. Le GIGN est présent comme force concourante. Le Raid et le GIGN se partagent les deux rames de TGV. La BRI intervient du côté de la consigne.

« Raid, prêt assaut ? »

Un poste de commandement (PC) est installé pour gérer au mieux les trois forces en présence en temps réel. L’enjeu est de donner trois assauts simultanés dans la consigne et les deux rames afin que les huit terroristes restants ne puissent pas se coordonner. Les liaisons radio se font sur le même canal, pour une meilleure communication entre les unités d’intervention. Le Raid et le GIGN se partagent le même PC, puisqu’ils interviennent sur le même TGV. La BRI dispose d’un PC à part qui se situe juste à côté.

Jean-Michel Fauvergue doit attendre que les trois groupes soient prêts à donner l’assaut au même moment. « BRI, prêt assaut ? » crie le patron du Raid. « Prêt ! » répond le responsable PC de la Brigade de Recherche et d’Intervention. « GIGN prêt assaut ? » « Prêt ! » « Raid, prêt assaut ? » Le moment n’est pas encore venu : « Le Raid est en mouvement, il n’est pas prêt pour l’assaut. »

Jean-Michel Fauvergue, le patron du Raid, demande aux responsables PC où en sont les unités d'intervention devant Bernard Caeneuve, le 19 avril 2016, lors d'un exercice gare Montparnasse.
Jean-Michel Fauvergue, le patron du Raid, demande aux responsables PC où en sont les unités d'intervention devant Bernard Caeneuve, le 19 avril 2016, lors d'un exercice gare Montparnasse. - F.FLOUX/20MINUTES

« C’est bon pour le GI, c’est fini »

« On vit exactement ce qui se passe en réalité, en fonction des mouvements des terroristes. L’opportunité d’assaut à un certain moment peut disparaître en une minute », explique Jean-Michel Fauvergue au ministre et à la presse, invitée à couvrir l’exercice. Quelques minutes plus tard, le chef des opérations donne le « top assaut » aux trois unités, qui le lancent simultanément. Les responsables PC de chaque force détaillent le déroulé des opérations : « Début d’invex (investigation-exfiltration) pour le GIGN qui entre dans la rame. »

A l’étage du train, un terroriste est abattu par les gendarmes. Un autre se fait exploser. Le processus de dépiégeage est enclenché. Après plusieurs détonations et une salve de tirs, on apprend que l'« invex » a également débuté du côté du Raid. La BRI a tué deux terroristes. « Un troisième tango - assaillant- abattu par le GIGN. C’est bon pour le GI, c’est fini », annonce le responsable du PC commun. « Opération terminée pour la BRI. Le dépiégeage est en cours. »

Pas de blessés parmi les otages

Le GIGN passe à la fouille complète du train et sécurise le parcours d’évacuation pour les otages qui se trouvaient dans la rame. L’opération n’est toujours pas terminée dans la rame dont le Raid a la charge. « Deux tangos » abattus, annonce l’unité de la police nationale, puis un troisième. « L’ensemble des terroristes est neutralisé Monsieur le ministre », indique Jean-Michel Fauvergue. Bilan de la simulation : aucun blessé n’est à recenser sur les otages du Raid, de la BRI et du GIGN.

De quoi féliciter ses troupes, pour Bernard Cazeneuve : « Je suis particulièrement fier de me trouver aux côtés des chefs des trois unités ainsi que du préfet de police, qui sont tous rassemblés pour protéger les Français. » Tout a parfaitement fonctionné ce soir. L'exercice devra être répété encore et encore, sans presse ni ministre.