Un rapport recommande la consommation de drogue dans les centres pour toxicomanes
DROGUE•La consommation est officiellement interdite dans les centres, qui sont des lieux de conseil, de prévention et de soins, différents des « salles de shoot »…20 Minutes avec AFP
La Fédération française d’addictologie (FFA) recommande dans un rapport rendu public ce lundi que la consommation de drogue soit permise dans les centres d’accueil pour toxicomanes en plus des « salles de shoot ».
Les centres de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) et les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction de risques pour usagers de drogues (CAARUD) sont à l’origine des lieux de conseil, de prévention et de soins, où la consommation est officiellement interdite.
Eviter les risques d’overdoses
Mais « la supervision d’injections se fait déjà officieusement dans ces centres qui doivent pouvoir accompagner sur le plan médical ce type de gestes pour en limiter les risques », souligne le docteur Alain Morel, qui a présidé l’audition publique dont est issu le rapport de la FFA.
La supervision médicale d’une injection permet d’éviter les risques d’overdoses et les risques infectieux. « On veille à ce que l’usager ne se pique pas n’importe comment, avec une seringue propre, et pas n’importe où en fonction de l’état de ses veines, qu’il évite par exemple de piquer dans un abcès et de risquer la septicémie », explique Alain Morel.
La fédération, qui rassemble les associations de lutte contre les addictions, recommande également la mise à disposition des usagers et de leur entourage de la Naxolone, un antidote permettant de renverser les effets d’une overdose à un opioïde ou à l’héroïne.
«Punir des usagers de drogues n’a aucun intérêt»
En France, la Naxolone ne peut être administrée que par un médecin. « En cas d’overdose, les services d’urgence d’un hôpital peuvent faire une injection qui vous sauvera la vie, mais le temps que vous arriviez à l’hôpital… », pointe le Dr Morel, alors que l’espérance de vie est réduite à une dizaine de minutes en cas de perte de conscience suite à une overdose.
Selon la FFA, la diminution des risques et des dommages liés aux conduites addictives passe en priorité par la dépénalisation de l’usage. « Harceler, punir ou mettre en prison des usagers de drogues n’a aucun intérêt : toutes les structures et sociétés savantes du champ des addictions sont d’accord sur ce point », souligne le Dr Morel.
Le rapport de la FFA contient quinze propositions pour la réduction des risques et des dommages liés aux conduites addictives qui sont communiquées au ministère de la Santé.