REVELATION«Panama Papers»: Le nom de la Croix-Rouge utilisé pour cacher de l'argent

«Panama Papers»: Le nom de la Croix-Rouge utilisé pour cacher de l'argent sale

REVELATIONL’utilisation du nom ou du logo de l’organisation sans sa permission est interdite par une loi internationale et pourrait lui porter préjudice…
Clémence Apetogbor

Clémence Apetogbor

Les révélations des « Panama Papers » n’en finissent pas. Ce dimanche, le quotidien français Le Monde et le journal dominical suisse Le Matin dimanche ont révélé que le cabinet d’avocats Mossack Fonseca a utilisé à plusieurs reprises le nom d’œuvres de charité pour dissimuler des millions de dollars.

La porte-parole du Comité de la Croix-Rouge, Claire Kaplun, a vivement réagi, indiquant à l’Associated Press que les révélations étaient « une surprise totale et quelque chose que (d') extrêmement révoltant ».

Un risque pour la Croix-Rouge, estime son président

Selon les deux journaux, la firme Mossack Fonseca a créé deux fondations baptisées Brotherhood Foundation et Faith Foundation. Ce montage permet notamment, via ces associations qui n’ont pas d’actionnaires, de masquer le nom de celui qui se cache derrière un compte bancaire. D’après Le Monde, près de 500 sociétés auraient utilisé au moins une des fondations du cabinet.

Et le bénéficiaire de ces fondations n’est autre que la Croix-Rouge, cachant ainsi les noms des véritables ayants droit et évitant tous soupçons. « C’est un risque énorme pour le CICR » (Comité international de la Croix-Rouge), a réagi son président Peter Maurer en apprenant l’existence et l’ampleur de l’affaire, rapporte Le Monde.

Un stratagème élaboré

Un courriel interne, que les deux journaux ont pu consulter, permet de comprendre le raisonnement de la compagnie panaméenne.

« Étant donné que les banques et institutions financières doivent maintenant obtenir les informations à propos des bénéficiaires financiers, il est devenu difficile pour nous de ne pas divulguer l’identité de ceux de la Faith Foundation », est-il précisé dans le courriel. « C’est pourquoi nous avons amélioré cette structure en désignant la « Croix-Rouge internationale ». C’est plus facile de cette manière. »

Un autre courriel cité par les journaux révèle que Mossack Fonseca a soigneusement évité d’informer la Croix-Rouge de ses agissements.

La Croix-Rouge en danger ?

« Selon la loi du Panama, les bénéficiaires d’une fondation peuvent être utilisés sans le savoir », lit-on dans le courriel. « Cela signifie que la Croix-Rouge internationale n’est pas au courant de cet arrangement. »

Claire Kaplun, la porte-parole de la Croix-Rouge, a indiqué que l’utilisation du nom ou du logo de l’organisation sans sa permission était interdite par une loi internationale et pourrait porter préjudice au personnel du CICR.

« Nous travaillons en zones de conflit. Nous travaillons sans arme. Notre protection est notre nom, notre emblème, la confiance que les gens ont en notre réputation », a-t-elle dit à l’AP.

Des allégations sans fondement, affirme le cabinet d’avocats

« Disons que cet argent était lié à un groupe en guerre. Imaginez les conséquences que ça pourrait avoir. »

Mossack Fonseca, pour sa part, n’a pas répondu aux questions spécifiques du Monde sur ce dossier.

« Vos allégations selon lesquelles nous fournissons des actionnaires avec des structures […] destinées à cacher l’identité des propriétaires réels sont sans fondement », s’est contenté de répondre au journal la firme panaméenne.