WEBPeut-on traquer les utilisateurs de n’importe quel site?

Facebook, Tinder, Youporn… Peut-on traquer les utilisateurs de n’importe quel site?

WEBDes petits malins jurent qu’ils peuvent démasquer les internautes au comportement jugé honteux ou embarrassant...
Nicolas Beunaiche

Nicolas Beunaiche

N’est pas Edward Snowden qui veut. Il y a quelques jours, un internaute est parti en croisade contre Tinder, accusé d’exposer les données personnelles de ses utilisateurs. Comment ? En lançant tout simplement un site permettant à n’importe qui de savoir si son voisin, son ex ou son mari (ou sa femme) est inscrit sur l’appli de rencontres. Le tout moyennant finances, évidemment. Classe.

Le pire, c’est qu’il n’est pas le premier à s’engouffrer dans ce créneau. Avant ce hacker qui préfère rester anonyme, d’autres ont tenté, pour des raisons plus ou moins bonnes et avec plus ou moins de succès, de traquer les comportements jugés honteux ou embarrassants. Petit tour du Web.

Peut-on savoir si notre copain/copine est sur Tinder ?

Le site Swipebuster (anciennement Tinderbust) utilise les données que Tinder met à la disposition des développeurs. Il n’y a donc là rien d’illégal et on s’étonnerait presque que personne n’y ait pensé avant. Le site est très simple d’usage. Une fois que vous avez réglé l’addition (4,99 dollars pour trois recherches si vous êtes raisonnable), il suffit de rentrer un prénom, un âge et le dernier endroit où votre cible est censée avoir utilisé Tinder pour la dernière fois. Swipebuster vous répond immédiatement. Pour un résultat variable, cependant. Le site a retrouvé l’un des profils que nous lui avons suggérés, pas l’autre (notre troisième tentative a lamentablement échoué, Swipebuster ayant comptabilisé comme recherche un malheureux clic sur un autre profil trouvé lors de la première recherche). Une question de surcharge de serveurs, apparemment.

Capture d'écran du site Swipebust.
Capture d'écran du site Swipebust. - SWIPEBUST

Peut-on savoir si notre ex consulte votre profil Facebook ?

C’est le serpent de mer sur le réseau de Mark Zuckerberg. Il n’y a qu’à voir, sur Google, le nombre de pages consacrées au sujet pour comprendre l’obsession des internautes à savoir qui a consulté leur profil Facebook et la réactivité des escrocs à prétendre qu’ils ont la solution miracle à ce problème existentiel. On vous le dit tout de suite, au cas où le mot « escroc » n’était assez clair : aucun outil ne permet de savoir si Myriam ou Jérôme a consulté votre profil qu’il/elle vous a largué(e). Il existe bien des extensions sur Chrome qui en font la promesse, mais elles supposent que vos contacts aient installé la même que vous sur leur navigateur. Quant à la technique nécessitant de jouer avec le code source, grand classique de YouTube, elle ne mène tout simplement à rien.

Peut-on vérifier si notre voisin visite YouPorn ?

Il n’existe aucun outil pour cela. Ouf (pour la vie privée du voisin). Mais (il y a bien entendu un mais)… Les utilisateurs ne sont pas pour autant à l’abri de voir leur nom livré en pâture au Web. Selon Motherboard, 88 % des sites pornos les plus regardés traceraient les consommateurs, et une bonne partie d’entre eux vendraient par ailleurs des données sur ces utilisateurs à des sociétés comme Google et Tumblr. Que se passerait-il en cas d’attaque comme celle qui a visé le site spécialisé dans l’adultère Ashley Madison en 2015 ? A l’époque, une liste de 36 millions de comptes avait été dévoilée, contenant noms, prénoms, adresses, descriptions, poids, tailles ou numéros de téléphone. Un épisode qui a servi de leçon ? Pas forcément. Fin mars, Motherboard a révélé qu’un pirate aurait obtenu les données concernant 273.000 visiteurs inscrits sur plusieurs sites X dont TeamSkeet, ThisGirlSucks ou bien encoreTeenyBlack.com. Des informations issues d’une base de données, là encore. Depuis, le pirate attend tout simplement de trouver un acheteur pour lui vendre son butin.