INTERVIEW«Etre vegan me permet de vivre en cohérence avec mes convictions»

Salon VeggieWorld: «Etre vegan me permet de vivre en cohérence avec mes convictions»

INTERVIEWA l’occasion du tout premier salon vegan en France, VegieWorld, qui se tient à Paris les 2 et 3 avril, Andonia Dimitrijevic, qui édite une collection de livres vegans, détaille pour « 20 Minutes » le mode de vie vegan…
Anissa Boumediene

Propos recueillis par Anissa Boumediene

Il fait chaque jour de nouveaux adeptes. Plus qu’un régime alimentaire, le véganisme s’est érigé en mode de vie. Une philosophie appliquée au quotidien, du contenu de l’assiette à celui de son dressing, mais pas que. Si au départ, les vegans étaient perçus par certains comme des extrémistes ou des illuminés, les scandales qui ont entaché l’agroalimentaire et les abattoirs ont convaincu de nombreuses personnes de tirer un trait sur la viande et de passer du côté vegan de la Force. A l’occasion du tout premier salon vegan en France, Veggie World*, qui se tient à Paris les 2 et 3 avril, Andonia Dimitrijevic, directrice de la maison d’édition L’Age d’Homme, qui a lancé une collection de livres 100 % végan, nous aide à y voir plus clair.

« Ce week-end, le @104paris accueille la 1ère édition française du salon végé @VeggieWorldFR ! https ://t.co/9vPx36iO4g pic.twitter.com/dyYvx1UpRZ — Paris Je t’aime (@ParisJeTaime) 2 avril 2016 »

Etre vegan, ce n’est pas seulement arrêter de manger des produits animaliers, comment définir ce fameux mode de vie vegan ?

La plupart des gens, moi y compris, deviennent vegan par étapes. J’ai très tôt été végétarienne, j’avais 11 ou 12 ans, mais je ne saisissais pas encore le lien entre le véganisme et d’autres principes essentiels. Ce n’est que plus tard, grâce au monde associatif, que je me suis ouverte à ce mode de vie. Pour moi comme pour beaucoup d’autres, être vegan va bien au-delà d’arrêter de consommer des produits issus de l’exploitation animalière. C’est la concrétisation de l’envie d’adopter un mode de vie sain, éthique, écologique et équitable ; qui soit fondé sur le respect de la nature et des autres êtres, humains et animaux. Etre vegan me permet de vivre en cohérence avec mes idées, mes convictions, ma consommation et aussi ma santé. Il est reconnu aujourd’hui que la surconsommation de viande est mauvaise pour la santé. Pour ma part, je ne me suis jamais sentie aussi en forme que depuis que j’ai supprimé tous les produits animaliers de mon alimentation.

C’est ce qui convainc aujourd’hui de plus en plus de personnes à opter pour le véganisme ?

Absolument ! Au départ on nous regardait avec des yeux ronds, comme si on faisait partie d’une secte. Mais aujourd’hui, la perception du véganisme a radicalement changé. Chaque personne qui choisit de devenir vegan a ses propres motivations, mais on observe depuis trois ans un grand changement dans les mentalités, provoqué en partie par les scandales alimentaires. Cela va du scandale de la viande de cheval auxvidéos de l’association L214, qui dénoncent les violences envers les animaux dans les abattoirs. Beaucoup de personnes réalisent qu’elles ignorent totalement les conditions de production de tout ce qu’elles consomment. La société commence à changer de regard sur la consommation de viande et ses ravages sur l’environnement et la santé. Quand on nous explique qu’il faut prendre des douches plus courtes pour préserver l’environnement, il faudrait peut-être rappeler qu’il faut 16.000 litres d’eau pour produire un kilo de viande, soit l’équivalent de plusieurs mois de douche.

Est-ce compliqué au quotidien ? Beaucoup ont l’impression que c’est cher, que les produits sont difficiles à trouver et que l’limentation n’est pas très variée…

Ce n’est pas compliqué, ce sont juste de nouvelles habitudes à prendre. La majorité des vegans se tournent au maximum vers les produits bio, locaux, produits de façon équitable. On a une alimentation variée, saine, gourmande et qui ne coûte pas plus cher, d’autant que l’on ne consomme pas de viande ou de poisson, dont le coût est assez élevé. Il faut arrêter de croire que lorsqu’on est vegan, on ne se nourrit que de graines germées et de tofu ! On peut décliner tous les plats en version vegan. Et puis le véganisme se démocratise chaque jour un peu plus. Avant c’est difficile de trouver un restaurant vegan alors qu’aujourd’hui, il y en a un nouveau qui ouvre tous les deux mois. Et internet fait des miracles, les magasins se spécialisent sur ce créneau, donc trouver des aliments, des cosmétiques et des vêtements vegans n’est plus du tout compliqué.

On retrouve des produits animaliers cachés dans de nombreux produits alimentaires, cosmétiques et même vestimentaires. Quand on est vegan, on devient champion de décryptage des étiquettes non ?

On cuisine beaucoup de produits frais, bruts. Après, c’est vrai que beaucoup de produits a priori vegans contiennent en réalité des produits animalier. Cela va des jus de fruits filtrés avec de l’oeuf, aux boissons comme le vin oula bière qui sont filtrées avec de la colle de poisson, en passant par les légumes en conserve qui contiennent des arômes de viande et certains additifs et colorants alimentaires, comme le rouge cochenille, ou E 120, obtenu à partir d’insectes. On développe des automatismes et on apprend à être vigilant : si on veut acheter des biscuits dont on sait qu’il ne faut pas plus de quatre ou cinq ingrédients et que ceux vendus dans le commerce ont une liste d’ingrédients longue comme le bras, on passe notre chemin.

Pour ce qui est des cosmétiques, de nombreuses marques proposent des gammes bio et non testées sur les animaux. Là aussi les choses ont changé, tout comme en matière de mode. Quand on est vegan, on ne porte pas de cuir, de laine, ni de soie, mais on n’est pas non plus condamné à porter des vêtements affreux ! De plus en plus de créateurs se lancent dans la mode vegan, proposent des accessoires en cuir végétal. On peut aujourd’hui se faire plaisir et porter de très jolies choses vegans.

*Veggie World, les 2 et 3 avril au Centquatre à Paris.