L'université de la Sorbonne expérimente de nouvelles mesures contre le harcèlement sexuel
ENSEIGNEMENT•Les victimes de harcèlement sexuel pourront bénéficier d'un suivi psychologique, d'une aide sociale voire d'un accompagnement juridique pour les cas de dépôt de plainte...20 Minutes avec AFP
Actes «inappropriés» ou plaisanteries «d'ordre sexuel»... L'université Sorbonne Paris Cité (USPC) n'en veut plus ! L'établissement a lancé ce lundi une campagne de lutte contre le harcèlement sexuel, une première dans l'enseignement supérieur en France.
Une expérimentation d'un an
L'ensemble des huit établissements qui constituent l'USPC (Sorbonne Nouvelle, Paris Descartes, Paris Diderot, Paris 13, Institut national des langues et civilisations orientales dit Inalco, Sciences Po, EHESP et le CNRS) sont concernés par cette campagne, qui va être expérimentée pendant un an.
«En 2014, une femme sur cinq se disait victime de harcèlement sexuel», selon des données avancées par le Défenseur des droits, rappelle Séverine Lemière, chargée de mission égalité et maître de conférence à l'université Paris-Descartes. «Il n'y a aucune raison pour que l'USPC soit un monde différent du monde global», ajoute-t-elle. «Le sujet court dans la société et concerne aussi nos établissements de l'enseignement supérieur», a abondé le président de l'USPC Jean-Yves Merindol, lors d'une conférence de presse.
« La lettre ouverte de l'AGEPS au Conseil d'Administration du 25 sept 2015.#harcelement #egalité @Paris_Sorbonne pic.twitter.com/bD3i6e3Ji7 — Syndicat AGEPS (@syndicat_ageps) November 12, 2015 »
«Un enseignant faisait des plaisanteries d'ordre sexuel à ses étudiantes»
Sur le terrain, on évoque pèle-mêle les cas d'un «enseignant-chercheur qui faisait des plaisanteries d'ordre sexuel à ses étudiantes», d'un autre «qui multipliait les moqueries sur le physique d'une jeune femme» ou «un collègue qui harcelait une autre, sans savoir qu'il s'agissait de harcèlement».
Difficile pour autant de quantifier les cas de harcèlement à l'université, tant est lourde la chape de plomb. «70% des victimes de harcèlement sexuel au travail n'en parlent pas», constate Séverine Lemière, qui se dit persuadée que «la mise en place d'un dispositif de soutien et de communication va permettre de rendre visible le phénomène».
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Un suivi psychologique, une aide sociale et un accompagnement juridique
Pour faciliter la prise de parole et l'accompagnement, l'USPC a choisi de faire appel à un prestataire externe, l'Institut en santé génésique (ISG), situé à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Celui-ci recevra les victimes, leur offrant un suivi psychologique, une aide sociale voire un accompagnement juridique pour les cas de dépôt de plainte.
Plus de 150.000 personnes, personnels et étudiants, sont ciblées par cette campagne de sensibilisation qui s'appuie sur un guide et des messages diffusés sur les réseaux sociaux. Le harcèlement sexuel est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende, selon le Code de procédure pénale.