Le chiffre est frappant. En 40 ans, le taux de naissances de jumeaux a presque doublé dans les pays développés. Cette révolution n’est pas naturelle : elle est liée au développement de l’assistance médicale à la procréation.

Bien sûr, dans ces pays, les femmes font des enfants de plus en plus tard. Or, les poly-ovulations sont fréquentes chez les femmes après l’âge de 35 ans. Mais les auteurs de l’étude sont formels : l’assistance médicale à la procréation (AMP) a, en moyenne, un effet trois fois plus important que celui du retard des maternités dans « ce boom des jumeaux ».

« Nous ne savons pas si cette hausse va se poursuivre »

Pour l’affirmer, ils s’appuient sur la base des données de 32 pays, dont une majorité de pays européens mais aussi l’Australie, le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, etc. « Toutefois, cette moyenne recouvre une grande diversité de situations », a souligné Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur associé à l’Institut national d’études démographiques (Ined), l’un des auteurs de l’étude.

Au Japon, l’effet de l’AMP est ainsi dix fois plus important que le retard des maternités. En Pologne, où l’AMP est encore peu développée, celle-ci ne joue que pour un tiers des naissances gémellaires.

En Hongrie et en Nouvelle-Zélande, l’effet des maternités tardives et celui de l’AMP sont égaux. Les chercheurs se sont aussi demandé si ce boom des naissances de jumeaux allait se poursuivre.

« Dans un pays sur quatre, le taux de gémellité a cessé d’augmenter. On constate un plateau, suivi d’une diminution », a détaillé le Pr Pison. Pour autant, dans trois pays sur quatre, il continue d’augmenter comme en France, aux États-Unis ou au Royaume-Uni.

Davantage de risques

« Nous ne savons pas si cette hausse va se poursuivre, mais celle-ci est de plus en plus perçue comme un problème de santé publique », a souligné le chercheur. Car les grossesses gémellaires sont plus à risque (entre autres risque de diabète gestationnel et dépression post-natale pour la mère).

Les accouchements sont souvent déclenchés et les jumeaux naissent souvent prématurés avec des taux de mortalité infantile plus élevé. Face à ces risques, la pratique recommande l’implantation d’un seul embryon.

Pour réaliser cette étude publiée dans la revue américaine Population and Development, les chercheurs ont « passé en revue toutes les statistiques d’état civil des pays disposant de tableaux détaillés pour les accouchements distinguant les naissances simples des naissances multiples : jumeaux, triplés, etc. » de 1970 à 2012/2013/2014 selon les pays, a expliqué Gilles Pison.