Affaire Kerviel: Pas de décision sur un nouveau procès avant mars
JUSTICE•L’ex trader a fait une demande de révision après avoir été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme pour abus de confiance…D.B. avec AFP
Le suspens continue dans l’affaire Kerviel. La justice a renvoyé au 21 mars, au plus tôt, toute décision sur un éventuel nouveau procès.
La commission d’instruction de la Cour de révision, saisie par l’ex-trader et ses avocats, se prononcera à cette date sur les suites à donner à la demande de révision de Jérôme Kerviel, a indiqué l’un des magistrats de cette institution lundi.
« #Kerviel tente de faire réviser son procès https ://t.co/3qoGALCgHK #AFP pic.twitter.com/uhJDZDQiTv — Agence France-Presse (@afpfr) January 18, 2016 »
Jérôme Kerviel réclame un nouveau procès, après avoir été condamné depuis à cinq ans de prison dont trois ferme pour abus de confiance. Lors d’une audience à huis clos en présence de l’ex-trader, de ses avocats et de ceux de son ancien employeur, le ministère public a requis un sursis à statuer.
S’il est suivi, la commission d’instruction, décidera le 21 mars… de ne rien décider. Ses autres options : un rejet pur et simple ; ou une transmission du dossier à la Cour de révision, seule habilitée à demander un nouveau procès. L’avocat général veut laisser le temps au juge d’instruction Roger Le Loire d’examiner un témoignage-clé apporté par Jérôme Kerviel, celui d’une enquêtrice de la Brigade financière, Nathalie Le Roy.
« J’ai honte de la justice »
Il n’a pas été question en revanche lundi devant les juges d’un autre document révélé à grand fracas dans la presse dimanche soir par 20 minutes, à savoir un enregistrement d’une ex-magistrate cette fois, Chantal de Leiris, à charge pour la Société générale.
L’ancien trader mise donc surtout pour l’instant sur le témoignage de Nathalie Le Roy. Celle-ci a dit le 9 avril 2015 au juge Le Loire son sentiment d’avoir été « manipulée par la Société générale » lorsqu’elle enquêtait en 2008.
« J’ai eu le sentiment, puis la certitude que la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions prises par ce dernier » sur les marchés, a dit la policière selon la retranscription de cette audition, à laquelle l’AFP a eu accès. C’est ce que veut prouver Jérôme Kerviel, qui a évoqué lundi devant un mur de caméras un dossier « truqué », en disant avoir « honte de la justice ».
L’avocat de la Société générale reste de marbre
L’avocat de la Société générale, Me Jean Veil, a de son côté estimé qu’il n’y avait « rien de nouveau » dans les éléments apportés par la partie adverse. Il a aussi commenté les informations publiées dimanche soir par Mediapart et 20 Minutes, à savoir des passages de l’enregistrement de Mme de Leiris, réalisé à son insu lors d’une conversation avec Nathalie Le Roy. Cette ancienne vice-procureure du parquet de Paris, qui a suivi l’enquête, juge selon ces extraits « évident » que la banque était au courant des manœuvres de son ex-trader.
Me Veil a dit être « choqué sur le plan humain » par cet enregistrement, fait dans « des conditions extravagantes ».
Les protagonistes de l’affaire Kerviel doivent se retrouver mercredi devant la cour d’appel de Versailles pour une autre procédure, au civil cette fois.