Hyper Cacher, marche républicaine et Stade de France... Trois moments racontés par Hollande
ATTENTATS•France 3 diffuse ce lundi soir un documentaire sur les attentats de janvier et de novembre...Nicolas Beunaiche
Que s’est-il passé dans la tête de François Hollande durant les deux vagues d’attentats de janvier et de novembre ? Plusieurs interviews en ont donné un aperçu ces derniers mois, mais aucune n’avait encore donné à voir ce que le documentaire diffusé ce lundi soir sur France 3, à 20h55, propose aux téléspectateurs. Si les auteurs, Antoine Vitkine et Bruno Dive, ont interrogé près de vingt personnes, parmi lesquelles Manuel Valls, Bernard Cazeneuve ou François Molins, c’est bien le président de la République qui fait figure de personnage principal de leur récit. Le résultat est captivant. Avant la diffusion du documentaire, 20 Minutes revient sur trois moments clés des attentats, du point de vue de François Hollande.
La décision de l’assaut de l’Hyper Cacher le 9 janvier
Le 9 janvier, les frères Kouachi sont cernés dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). Dans le même temps, une prise d’otages est en cours dans un hypermarché casher de Vincennes, où Amédy Coulibaly a fait irruption. François Hollande convoque alors dans son bureau Manuel Valls, Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira. Le ministre de l’Intérieur, en contact permanent avec Bernard Petit, le directeur de la police judiciaire, informe le Président et les autres ministres en direct. A Vincennes, Coulibaly vient de tuer un quatrième otage. Bernard Petit fait savoir qu’un assaut est techniquement possible ; il appartient à François Hollande de l’autoriser, alors que 17 personnes sont encore retenues à l’intérieur. « Il y en a toujours qui préconisent de prendre tout le temps nécessaire, d’épuiser les preneurs d’otages, de faire en sorte que la nuit puisse être une occasion d’une attaque, explique François Hollande. C’est une thèse que je n’ai pas voulu retenir » en raison « des relations qui étaient maintenant clarifiées entre Coulibaly et les frères Kouachi, l’utilisation qui pouvait être faite des médias et la vie des otages ». Une heure est donc fixée pour l’assaut. Mais le plan est bouleversé par la tentative avortée de sortie des Kouachi à Dammartin. L’ordre est donc donné d’intervenir immédiatement à Vincennes. « Les minutes les plus longues de ma vie », commente François Hollande. « Beaucoup d’idées viennent dans ma tête : est-ce que Coulibaly allait savoir qu’il y avait une sortie des frères Kouachi et une intervention de nos forces ? Est-ce qu’il n’allait pas tuer immédiatement nos otages ? On n’en sait rien à ce moment-là », raconte-t-il. L’assaut sera finalement réussi.
La marche du 11 janvier et le mensonge à Netanyahou
Dès le 7 janvier, jour de la tuerie du Charlie Hebdo, l’idée d’un rassemblement des mouvements politiques est lancée par Jean-Christophe Cambadélis. Mais elle bute sur un premier écueil : Nicolas Sarkozy refuse de répondre aux appels du premier secrétaire du PS. François Hollande prend alors le relais et lui dit qu’il a besoin de toutes les familles politiques et qu’il commence par sa personne, « compte tenu des responsabilités qu’il a occupées ». Nicolas Sarkozy finit par accepter et est reçu le premier. Suivront une dizaine de chefs de parti. « Je fais en sorte qu’il n’y ait pas d’opacité car [à ce moment-là] il faut faire preuve de vérité », justifie François Hollande. A Marine Le Pen, il accorde une demi-heure, l’un de ses entretiens les plus longs. Il lui garantit « une protection », si elle se joint au rassemblement à venir. Mais rien de plus. Outre ces personnalités politiques françaises, de nombreux chefs d’Etat font également le déplacement le dimanche 11 janvier. Parmi elles, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. A la vue du bus touristique loué à la hâte pour transporter les chefs d’Etat, ce dernier a un mouvement de recul et demande si le véhicule est blindé. Réponse de François Hollande : « Je lui dis : "Toutes les dispositions ont été prises". » En réalité, « il est vraisembable que le bus n’était pas blindé, précise le chef de l’Etat, sourire en coin. Je ne connais d’ailleurs pas de bus blindé en France […] Je lui dis que toutes les dispositions ont été prises parce que sinon, il n’est pas possible d’organiser ce défilé. »
Le déclenchement des attentats du 13 novembre
Le vendredi 13 novembre au soir, François Hollande se trouve au Stade de France pour assister au match France-Allemagne. Une première explosion se fait entendre, puis une deuxième. Un officier de sécurité vient alors parler à l’oreille du chef de l’Etat, pour l’informer de la situation. « Le visage du Président avait changé », se souvient Patrick Kanner, le ministre des Sports alors à ses côtés. François Hollande se rend au poste de sécurité du stade et appelle Bernard Cazeneuve, son ministre de l’Intérieur, qui n’est pas encore au courant de ce qui se passe. C’est là que le Président est informé des attaques qui ont lieu en plusieurs points de Paris, dans l’est de la capitale, « sur des terrasses de café ». Sur une caméra de surveillance du Stade de France, à 21h53, il voit de ses propres yeux une troisième explosion aux abords de l’enceinte. Il décide alors de rallier Paris et en informe notamment Patrick Kanner et Stéphane Le Foll, présents dans les tribunes du stade, non sans leur demander de rester, eux, sur place, pour ne pas créer de mouvement de panique. A Beauvau, au centre interministériel de crise, il retrouve Manuel Valls et Bernard Cazeneuve. Ils y apprendront la prise d’otages du Bataclan.