Niger: Un ancien otage d'Aqmi va porter plainte contre l'Etat et Areva
JUSTICE•Thierry Dol était resté aux mains de l'organisation terroriste pendant 1139 jours...H.S.
Six mois après l’interview de Jean-Marc Gadoullet, à la manœuvre lors des négociations pour la libération des otages français au Niger, le journal Le Parisien donne la parole, ce lundi, à Thierry Dol, enlevé par Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) en 2010. Le Martiniquais de 34 ans s’exprime longuement dans les colonnes du quotidien et confie son désir de « se reconstruire ».
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Son avocat, Me Alex Ursulet, a annoncé en parallèle de cette interview le dépôt de deux plaintes pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « non-assistance à personne en danger » visant Areva et l’Etat français. Cette procédure vient ainsi compléter l’enquête antiterroriste toujours en cours.
De nombreuses interrogations
Cinq ans après l’enlèvement des cinq otages français travaillant pour Areva et Satom (groupe Vinci) sur le site d’Arlit au Niger, Thierry Dol se dit préoccupé, notamment par la sécurité des employés dans les zones gangrenées par le terrorisme et par l’indemnisation des victimes.
« Au moment de notre enlèvement, des investisseurs chinois étaient présents. Leur sécurité a-t-elle primé sur la nôtre ? Je veux que toute la lumière soit faite », explique ainsi l’ingénieur aux journalistes du Parisien. « Le fonds de garantie m’a proposé 26 EUR par jour de détention. Les otages de Jolo, enlevés pendant trois mois en 2000, ont obtenu une décision de justice leur octroyant une somme nettement supérieure. Avons-nous moins souffert qu’eux ? C’est indécent, après ce que nous avons vécu, de devoir entrer dans des discussions de marchands de tapis », poursuit le jeune homme.
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Des capacités de mémoire décuplées
Thierry Dol revient également sur ses conditions de détention et sur l’impact de la captivité sur son état physique et mental : « Le seul moyen de ne pas sombrer, c’était de rester concentré sur l’instant présent. J’avais déjà des capacités d’hypermnésie, mais elles se sont développées. Dans les mois suivant ma libération, j’étais encore capable de décrire en détail ce qui s’était passé le 456e ou le 732e jour ».