SANTEAttentats de Paris: Entre stress et insomnies, les Parisiens se soignent

Attentats de Paris: Entre stress et insomnies, les Parisiens se soignent

SANTENombreux sont ceux qui ont éprouvé le besoin d’aller consulter leur médecin ou leur pharmacien pour leur stress ou leurs troubles du sommeil causés par les attentats parisiens de vendredi…
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

Angoisse, stress, peur, insomnie : depuis les attentats meurtriers qui ont frappé Paris vendredi, nombreux sont ceux qui ont du mal à surmonter les événements et contrôler leurs émotions.

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« @iLookLikeARose recentre toi et relativise un peu ces horreurs car il ne faut leurs faire ce plaisir . — Sneaky Lost Angel (@Lostmen2202) 16 Novembre 2015 »

Les pharmaciens sollicités

Acteurs de proximité de la santé, les pharmaciens sont sollicités par les Parisiens effrayés. Dans l’une des officines de la rue de Charonne, l’un des sites visés par les terroristes vendredi soir, les ventes de médicaments pour calmer le stress et les troubles du sommeil sont sensiblement en augmentation. « On est juste à côté, les gens du quartier ont vu et entendu des choses horribles. Certains viennent nous voir à cause de leurs angoisses, d’autres parce qu’ils ne dorment plus », confie la pharmacienne.

« Ces attentats me hantent ! Je n'arrive pas à dormir ! — Je tweet. (@JeDeclame) 15 Novembre 2015 »

« je n'arrive même pas a dormir tellement ça me pèse ces attentat — Theouuuh YTB (@theouuuh) 15 Novembre 2015 »

Homéopathie, phytothérapie ou encore aromathérapie : les méthodes naturelles sont recommandées dans cette pharmacie.

Des traitements doux pour lesquels a opté Narjess. « Quand j’ai appris les événements, j’ai été très choquée, je ne suis pas sortie du week-end. Et dimanche, je me suis dit que la vie devait reprendre son cours et je suis allée boire un verre avec des amis. C’est là qu’on a vu des gens courir en criant qu’il y avait des tirs. Je me suis enfermée dans les toilettes avec une amie, on était terrorisées, se souvient-elle, avant d’apprendre que ce n’était qu’une fausse alerte ». Dès lors, la jeune femme, stressée, ne parvient plus à trouver le sommeil. « Je n’ai pas dormi pendant trois jours, donc j’ai fini par aller à la pharmacie », explique-t-elle. « Et ça va mieux, je suis plus apaisée et je dors à nouveau ».

Consultations chez le médecin et arrêts de travail

« Mais certains viennent avec des prescriptions pour des anxiolytiques », indique la pharmacienne. Dans le 19e arrondissement de la capitale, à proximité d’un autre lieu visé par les attaques terroristes de vendredi, les consultations sont en hausse. « Le week-end et le début de semaine ont été beaucoup plus calmes qu’à l’accoutumée. Mais là, on constate au cabinet un afflux de patients choqués, tristes et qui ont très peur depuis les attaques », témoigne un médecin généraliste situé à proximité du lieu d’une des attaques.

Parmi eux, certains ont perdu un proche dans les attentats, et d’autres, s’ils ne connaissaient personnes parmi les victimes et les blessés, sont choqués. « Une jeune mère m’a expliqué avoir la boule au ventre lorsqu’elle dépose son enfant à l’école et se sentir incapable de prendre le métro et d’aller au travail ». Un cas loin d’être particulier. Sur les 31 consultations de ce mardi dans ce cabinet, un tiers des patients sont venus consulter à cause des attentats. Et presque tous se sont vus délivrer un arrêt de travail et, au besoin, de quoi calmer stress et insomnies. « On écoute, on parle avec nos patients, mais pour ceux chez qui l’angoisse est intense, on prescrit des anxiolytiques. Ou des somnifères pour ceux qui ne trouvent plus le sommeil », détaille le médecin.

Epuisé « physiquement et psychologiquement »

Stress et troubles du sommeil, c'est aussi ce qu'a éprouvé ce jeune homme de 25 ans. « Vendredi, je passais la soirée avec des amis quand ma coloc', qui était au Bataclan, m’a appelé », raconte-t-il à 20 Minutes. Son amie est sauvée, mais profondément affectée. « Quand je suis rentré à la maison le samedi matin, je me suis occupé d’elle et de l’ami avec qui elle était au concert. J’ai lavé leurs vêtements ensanglantés », poursuit-il. Pour apaiser la jeune femme, il dort avec elle, parce que « dormir, c’est le moment où on est seul, où on repense à tout ce qui s’est passé », explique-t-il. « Je n’étais pas présent sur les lieux des attaques, mais entre ce que j’ai vu, lu et ce que ma coloc' m’a raconté, j’avais des images atroces dans la tête ».

La jeune femme a ensuite été prise en charge par des professionnels. Pour son colocataire, la tension est alors redescendue d’un cran. Epuisé, il est allé consulter son médecin. En plus d’un arrêt de travail de deux jours, « pour se reposer », le médecin prescrit au jeune homme un traitement anxiolytique de cinq jours, « quelque chose de léger ». « Je ne me voyais pas aller travailler, tout simplement parce que j’en aurais été incapable, je n’aurais servi à rien tant j’étais fatigué », dit-il. Après deux jours de repos, il a repris le travail mercredi. « On a eu une peur incroyable et en même temps, je ne voulais pas que ça me paralyse, assure-t-il. Mais j’avais peu dormi, j’étais à bout, physiquement et psychologiquement. C’est pour ça que je suis allé consulter ».