Sexe: Et toi, c'est quoi ton genre?

Sexe: Et toi, c'est quoi ton genre?

SEXUALITEPolyamoureux, neutrois, asexuel… Ils racontent la réalité derrière les mots…
404

404

Quatre jeunes, de 19 à 35 ans, racontent leur réalité derrière les mots. Ils sont « polyamoureux », « asexuel », « pansexuel », et ne reconnaissent pas toujours les normes de genre imposées par la société. Ils nous expliquent tout.

Andréa, 19 ans, neutrois



Je ne suis ni un homme, ni une femme. Je suis neutrois, un autre genre. C’est comme si les hommes étaient des smoothies à la banane, les femmes au kiwi. Moi, je suis à la fraise. Plus jeune, je ne me sentais pas vraiment « fille » ou « garçon ». Mais à l’époque, de facto, il n’y avait pas d’autre choix. Si ce n’est pas femme, c’est homme. Et comme je ne me sentais pas homme, je devais être une femme. Petit à petit, j’ai découvert l’existence d’autres genres. Dans l’intimité, je me définis comme « pan » parce que je n’ai pas encore trouvé de mots plus précis pour décrire ma sexualité. Je ne suis pas une femme, donc je ne suis pas lesbienne. Je ne suis pas un homme gay non plus. Je ne suis pas bi, parce que c’est binaire (un-deux). « Pan », qu’importe le genre de la personne. Ma seule limite : les hommes cis -assignés homme à la naissance et en accord avec leur genre-. Les gens sont enfermés dans des stéréotypes, ils se croient ouverts. On me dit parfois « t’es un garçon ou une fille », ça revient à demander ce qu’il y a entre les jambes. Ce sont des parties intimes, non ? Ca ne regarde personne, sinon je me baladerais nu-e. La seule chose à demander, c’est : « Comment veux-tu que je m’adresse à toi ? » J’ai tout déconstruit pour me sentir bien avec moi-même. Je me suis même épiler les jambes parce que la société m’y a poussé et j’ai arrêté. Je fais les choses pour être bien avec mon corps, tant pis si ça ne plaît pas.

Jane, 25 ans, polyamoureuse

Illustration d’une personne polyamoureuse. - V. Point/20 Minutes

Ado, je disais « bi » car j’étais autant attirée par les filles que les garçons. J’ai eu une relation hétérosexuelle et exclusive, mais la monogamie ne me convenait pas. Je suis tombée amoureuse d’une fille en même temps et j’ai cru que si j’en aimais un, je n’aimais pas l’autre, or l’amour comme denrée limitée est une idée fausse. Ca m’a démolie. Après cette rupture, j’ai découvert le polyamour et peu à peu j’ai aussi remis en question ma bisexualité. Un jour, j’étais dans un bar lesbien et j’ai remarqué une femme trans, seule, personne ne lui parlait. La transphobie ambiante m’a fait réaliser que je suis attirée quel que soit le genre, pas quel que soit le sexe. Par la suite, j’ai questionné mon identité de genre car je ne me reconnaissais pas dans la binarité femme/homme et je me suis réconciliée avec moi-même grâce à la notion de queer, en rejetant les normes de genre qu’on nous impose. Je m’identifie comme femme politiquement, ça conditionne mon engagement féministe parce que, du fait de mon apparence, je vis le sexisme, mais ce n’est pas mon identité de genre. Je serais féministe quoi qu’il en soit. Aujourd’hui, je n’ai pas de partenaire fixe, sauf une femme – celle dont je suis tombée amoureuse à l’adolescence-, nos relations varient, parfois platoniques, parfois non. Je suis essentiellement polyamoureuse à cause d’elle. Croire qu’elle n’a pas d’impact dans mes relations serait la nier.

Antoine, 20 ans, asexuel et aromantique

Illustration d’une personne asexuelle. - V. Point/20 Minutes

Il existe plusieurs formes d’attirances (sexuelle, esthétique, platonique, romantique…). Je ne ressens ni d’attirance sexuelle, ni d’attirance romantique. L’asexualité est assez ancrée en moi. Dès petit, j’étais rebuté par le sexe, comme tous les enfants, mais ça n’a pas changé avec l’âge. J’ai moins de répulsion mais je n’envisage pas la sexualité dans le cadre de mes relations. Quand j’ai découvert le mot asexualité, je n’ai pas été surpris, j’ai juste validé quelque chose que je percevais chez moi. L’aromantisme, c’est différent. Il y a trois ans, je suis tombé amoureux. C’était bizarre, la personne était en couple et je préférais qu’elle le soit. On n’a aucun secret l’un pour l’autre, on correspond, du coup c’est une relation platonique, épistolaire. La partie la plus importante de la relation s’est concrétisée quand elle a déménagé et on a correspondu tous les jours. Elle n’est ni asexuelle ni aromantique, mais pour elle aussi, ça dépasse l’amitié. Les asexuels peuvent avoir autant de libido que les autres, ils ne veulent pas partager une intimité sexuelle avec quelqu’un, c’est une absence d’envie. Il n’y a pas vraiment de cause à l’asexualité et ce n’est pas vraiment un choix. Je n’ai jamais eu de rapport sexuel et je n’ai pas envie d’essayer. Les gens réagissent en me disant : « Si t’as pas essayé, comment tu peux savoir ? ». Les personnes homosexuelles savent leur orientation sexuelle avant d’avoir essayé. Ce type de rapport se fait sur la base de l’envie, s’il n’y a pas d’envie… Personnellement, je me réserve le bénéfice du doute, toutes les orientations peuvent être changeantes.

Pierre-Yves, 35 ans, pansexuel et non-binaire

Illustration d’une personne pansexuelle. - V. Point/20 Minutes

Je me suis longtemps identifié comme un garçon homosexuel et en grandissant j’ai découvert que j’étais plus que ça. Il y a deux ans, j’ai eu un coup de foudre pour un garçon transgenre, assigné fille à la naissance. Quand je l’ai rencontré, j’ai compris qu’il n’était pas opéré et je me suis posé beaucoup de questions. J’étais très attiré, mais comme ce n’était pas réciproque, il ne s’est rien passé. Ensuite, je suis allé plus loin avec un autre garçon dans la même situation. Avec lui, j’ai vécu une relation homo-romantique mais sexuellement « hétéro ». J’ai déjà envisagé une relation avec une femme, mais ça ne s’est pas concrétisé jusqu’ici. Je me définis comme pansexuel, attiré par les filles, les garçons et les personnes non-binaires, comme je me présente moi-même (ni homme, ni femme). Je n’ai pas de problème avec mon genre de naissance mais je sais de façon intime que je ne suis pas seulement un garçon. Je suis plus que ça. Concrètement, je sors rarement sans un trait d’eye-liner pour certains événements militants. Un de mes objectifs maintenant, c’est de me mettre en jupe. Je viens d’un milieu où les garçons n’en portent pas. Dans la société, une femme qui adopte des comportements masculins s’élève, un homme qui se féminise se rabaisse. Mettre une jupe, c’est aller contre ça et il reste du chemin pour surmonter les peurs. Or, « la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance ». Parfois, citer maître Yoda, ça a du bon !

>> Consultez le numéro Génération 404 en PDF

La définition des terminologies employées appartient à ceux qui les emploient. Il existe autant de définitions que d’expériences vécues.