JUSTICETraces ADN «exploitables»: Pourquoi il ne faut pas attendre de miracle dans l'affaire Omar Raddad

Traces ADN «exploitables»: Pourquoi il ne faut pas attendre de miracle dans l'affaire Omar Raddad

JUSTICEDes traces ADN « exploitables » ont été mises en évidence vingt-quatre ans après le meurtre de Ghislaine Marchal qu’Omar Raddad a toujours nié…
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

Sylvie Noachovitch n’est pas du genre à avoir peur des médias. Pourtant, l’avocate d’Omar Raddad n’a pas claironné sur tous les toits que l’une des plus grandes énigmes judiciaires de ces trente dernières années allait peut-être enfin trouver son épilogue. C’est donc une « source judiciaire » qui a confié, jeudi, à l’Agence France Presse que des traces ADN « exploitables » avaient été mises en évidence dans l’enquête sur le meurtre de Ghislaine Marchal, vingt-quatre ans après les faits.

Omar Raddad : Des traces ADN « exploitables » découvertes

« Evidemment, cela pourrait permettre d’innocenter définitivement Omar Raddad, confiait à 20 Minutes l’avocate à ce sujet il y a quelques semaines. Mais il faut patienter. Les analyses de ces traces vont prendre du temps. Et je veux rester prudente en attendant les résultats. » 20 Minutes vous explique pourquoi…

  • A quoi correspondent ces traces ADN « exploitables » ?

Quand les enquêteurs pénètrent dans la chaufferie de la villa de Ghislaine Marchal à Mougins (Alpes-Maritimes) le 23 juin 1991 vers 19h, ce n’est pas le corps lardé de neuf coups de couteau qu’ils repèrent en premier. Mais les mots inscrits sur la porte de la cave à vin à l’aide du sang de la victime : « Omar m’a tuer ». Un peu plus loin sur une deuxième porte, la riche veuve de 65 ans semble ne pas avoir pu terminer sa phrase. « Omar m’a t », est-il inscrit.

Extrait du film Omar m’a tuer de Roschdy Zem, sorti le 22 juin 2011

C’est donc sur ces deux portes et sur le chevron de l’une d’entre elles que des traces ADN ont été mises en évidence. Ce n’est pas vraiment nouveau. Cela fait quinze ans que la justice avait découvert ces traces mêlées au sang de la victime. Jusqu’ici, la justice était simplement parvenue à établir qu’elles ne correspondaient pas à Omar Raddad.

  • Pourquoi ces traces sont-elles désormais « exploitables » ?

A l’origine, il n’y avait pas eu assez de matière prélevée pour que la justice puisse effectuer d’autres comparaisons. Sylvie Noachovitch s’est donc battue – profitant de l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi – pour que la justice fasse de nouveaux prélèvements sur les portes et le chevron. « Les experts ont, cette fois-ci, relevé suffisamment de matière pour pouvoir les exploiter, lâche l’avocate. Nous avons de grands espoirs. »



Vidéo : Pourquoi l’ADN peut innocenter Omar Raddad ? par 20 Minutes

  • Que va-t-il se passer désormais ?

Dans les prochaines semaines, les traces mises en évidence vont être comparées avec toutes celles présentes dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). Cette comparaison pourrait donc révéler une correspondance avec une personne qui pourrait être le meurtrier de Ghislaine Marchal.

  • Pourquoi faut-il donc rester prudent ?

Le parquet a tout de suite appelé les médias à la prudence à propos de ces nouvelles traces. « Elles peuvent provenir des protagonistes de l’affaire tout autant que des manipulations ultérieures aux faits », indique-t-il. En clair, on pourrait découvrir que l’ADN mène en fait à un policier qui aurait « pollué » la scène de crime lors de sa découverte…

Car les spécialistes des affaires criminelles se souviennent tous de « l’affaire du petit Grégory ». Vingt-huit ans après la découverte du corps du garçonnet dans la Vologne, de nouvelles expertises ADN avaient laissé entrevoir à ses parents la possibilité de découvrir enfin l’assassin de leur fils. Mais les expertises n’avaient, au final, donné aucun résultat.

Portrait du petit Grégory Villemin - Marcel MOCHET - AFP

  • Quel est l’enjeu pour Omar Raddad ?

Condamné à 18 ans de prison en 1994, Omar Raddad avait finalement bénéficié d’une grâce partielle de Jacques Chirac en 1998. Mais officiellement, il n’a jamais été blanchi par la justice. Cette découverte pourrait donc lui permettre d’être définitivement innocenté et, surtout, d’être indemnisé pour les années passées indûment en prison.


>> Cliquez sur l’image pour découvrir le Webdocumentaire « Condamnés à tort »