L’insup… portable en entreprise. Ce petit joujou technologique tape de plus en plus sur les nerfs des salariés, qui critiquent l’usage intempestif qu’en font leurs collègues. Selon une étude d’Eléas* sur les incivilités au travail dévoilée en exclusivité par 20 minutes ce jeudi, 91 % des salariés français voient d’un mauvais œil qu’un collègue écrive un SMS lors d’un entretien en face-à-face, 89 % jugent aussi odieux qu’il réponde à un appel téléphonique dans ce cadre et 90 % sont agacés qu’il consulte son téléphone. Même irritation concernant l’usage intempestif du portable lors d’une réunion collective, qui choque huit salariés sur dix. Sans surprise ce sont les salariés évoluant en open space et ceux des grandes entreprises qui sont les plus exposés à ces incivilités.

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Comme si une troisième personne s’immisçait dans la réunion

Un rejet massif qu’explique bien Xavier Alas Luquetas, président-fondateur d’Eléas : « Le téléphone portable interrompt la relation. C’est comme si une autre personne s’immisçait dans la réunion. Le salarié qui subit cette situation reçoit le message implicite qu’il n’est pas important aux yeux de l’autre, surtout quand il s’agit de son supérieur hiérarchique. Et la récurrence de ce genre de comportements est insupportable pour lui ».

Une interprétation dont n’ont pas conscience ceux qui utilisent à tort et à travers leur téléphone, souligne-t-il : « ils estiment souvent avoir des choses à régler rapidement, alors qu’il y a en fait très peu d’urgences réelles », estime-t-il. Cette intolérance au smartphone est particulièrement forte chez les plus de 55 ans. « Les digital natives ont un rapport différent au portable. Pour eux, envoyer un SMS en réunion n’a rien de scandaleux », explique Xavier Alas Luquetas.

Les entreprises commencent à réagir

L’ironie, selon Alain d’Iribarne, sociologue du travail et président du comité scientifique d’Actineo, c’est que « les gênés sont aussi souvent des gêneurs », chaque salarié étant amené un jour ou l’autre à utiliser son portable sans prêter attention aux autres.

Selon lui, l’utilisation compulsive du portable en réunion serait aussi le symptôme d’un mal plus profond : « C’est le révélateur des méfaits de la réunionite en France. Les réunions sont souvent mal organisées et des salariés qui n’ont rien à y faire y sont conviés, d’où leur désintérêt. Ils tentent de s’en échapper avec le portable ».

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Conscientes des désagréments causés par l’utilisation intempestive du portable, certaines entreprises tentent de la réguler. « Certains managers prient désormais leurs collaborateurs de venir en réunion sans leur téléphone », observe Alain d’Iribarne. Des entreprises édictent aussi des chartes de bonnes pratiques du téléphone en entreprise.

« La meilleure solution pour changer les choses est que la direction s’empare du sujet et que le management donne l’exemple, avant de faire édicter une charte des bons usages du portable en entreprise avec un collectif de salariés », estime Xavier Alas Luquetas. Un avis que partage Alain d’Iribarne : « Il faut discuter de ce mauvais usage du portable comme étant un vrai problème managérial, mais surtout ne pas tomber dans la logique de l’interdit, qui est contreproductif ».

*« Les salariés français face aux incivilités au travail », enquête quantitative menée par Internet, en septembre 2015 après d’un échantillon de 1.001 salariés français représentatifs, selon la méthode des quotas.