Empreintes d’oreille: Quand les cambrioleurs écoutent trop près des portes
FAITS DIVERS•Les policiers s'appuient sur les traces laissées par les oreilles pour identifier les voleurs...William Molinié
Des empreintes digitales aux traces auriculaires… La police scientifique, depuis plusieurs années déjà, s’intéresse aux traces d’oreilles. Les policiers intervenant sur les scènes de cambriolages ne se contentent plus de relever les traces de doigts ou d’éventuels cheveux ou poils laissés par les voleurs derrière eux.
Systématiquement, ils recherchent désormais aussi les traces d’oreilles sur les portes, les vitres ou les murs. Il y a dix jours, les policiers sont parvenus, grâce à cette technique d’identification par le pavillon auriculaire, à remonter la piste de deux frères de 19 et 21 ans. Ils étaient soupçonnés d’avoir commis au moins six cambriolages en région parisienne. Selon nos informations, un des deux frères a été laissé libre, tandis que l’autre a été condamné le 16 octobre en comparution immédiate à 10 mois de prison et écroué. « Il a été reconnu coupable pour un seul fait », a précisé une source judiciaire. Le parquet de Créteil (Val-de-Marne), qui avait requis une peine de 3 ans de prison, a fait appel.
Le pavillon de l’oreille serait unique
« Ils collaient leur oreille à la porte pour entendre si les occupants étaient à l’intérieur. On a relevé les traces d’oreille mais aussi de l’ADN », explique à 20 Minutes une source policière. La technique, développée à l’origine au début des années 2000 aux Pays-Bas, est aujourd’hui en passe d’être maîtrisée. Déjà en 2003, les policiers rhodaniens avaient arrêté de cette façon l’auteur de 30 cambriolages. « C’était l’une des toutes premières affaires de ce type », se souvient cette source.
Chez l’humain, le pavillon de l’oreille serait particulier à chaque individu. La technique repose, tout comme les empreintes génétiques, sur des points de comparaison entre la trace retrouvée et celle prélevée sur le mis en cause. Aux premiers temps de sa découverte, cette méthode avait été critiquée, car elle apparaissait relativement mal maîtrisée. Un détenu britannique avait d’ailleurs été relâché après avoir été mis hors de cause du meurtre d’une personne âgée dans la ville anglaise de Huddersfield. La justice avait alors estimé que la comparaison d’empreintes auriculaires était trop soumise au seul jugement de l’examinateur.
Mieux que la forme, l’ADN
Au début de l’année, la police genevoise, qui dispose d’un fichier d’empreintes auriculaires, s’est fait tirer l’oreille par la justice après avoir présenté un individu soupçonné de cambriolages sur la seule preuve de l’empreinte de son lobe. La justice a estimé « que la capacité discriminative de la méthode est insuffisante pour identifier une personne sur la seule base de l’examen de la trace d’oreille ». Et le cambrioleur a été mis hors de cause.
Si les policiers recherchent quasi systématiquement les traces d’oreille sur les lieux des cambriolages, ce n’est pas forcément pour en relever les détours et constituer une empreinte. « Si une trace d’oreille est découverte, il y a vraiment beaucoup de chances qu’il y ait de l’ADN. Et les empreintes génétiques sont encore plus fiables », explique à 20 Minutes une autre source policière. En effet, les oreilles sécrètent beaucoup plus de sébum que la peau des mains ou des doigts. Du liquide qui contient lui aussi la signature de chaque être humain. « Dans la très grande majorité des cas, on ne s’embête pas avec l’empreinte du lobe ou du pavillon. On récupère l’ADN et c’est largement suffisant », conclut cette source.