ROUTEQuelles sont les mesures de sécurité routière les moins bien acceptées par les conducteurs?

Quelles sont les mesures de sécurité routière les moins bien acceptées par les conducteurs?

ROUTELes règles dont les Français ne comprennent pas l’utilité ne sont pas bien tolérées…
Une patrouille de CRS de Lyon effectue des contrôles radars sur l'A43, le 8 mai 2011. CYRIL VILLEMAIN/20 MINUTES
Une patrouille de CRS de Lyon effectue des contrôles radars sur l'A43, le 8 mai 2011. CYRIL VILLEMAIN/20 MINUTES - C. VILLEMAIN / 20 MINUTES
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

En 1970, 16.445 personnes perdaient la vie sur les routes, contre 3.388 en 2014. Une amélioration due aux progrès techniques réalisés sur les véhicules, mais surtout aux mesures de sécurité routière prises depuis quarante ans. Bien qu’ils s’en félicitent, les Français n’approuvent pas toujours les règles qui leur sont imposées sur les routes et 43 % d’entre eux les jugent même trop contraignantes. C’est ce que démontre une étude* de Dekra (entreprise spécialisée dans la sécurité automobile) dévoilée ce mardi. 20 minutes analyse les mesures qui crispent le plus les conducteurs.

Les radars mobiles

Radars posés en dessous d’un pont, au bord d’une route ou embarqués dans un véhicule de gendarmerie… Ces dernières années, la gamme de radars mobiles s’est encore étoffée, au grand désespoir de 48 % des Français qui ne les tolèrent pas. « L’effet de surprise passe mal. D’autant que les radars mobiles sont parfois placés dans une zone où la limitation de vitesse change brusquement. Ils ont alors l’impression d’être piégés », commente Geoffrey Michalak, directeur technique et qualité de Dekra. Leur irritation provient aussi du fait que beaucoup de Français ne comprennent pas certaines limitations de vitesse : « elles sont parfois dues au passage fréquent d’animaux, au fait qu’une partie de la route est accidentogène ou que l’on cherche à limiter le bruit de la circulation pour les riverains », ajoute-t-il. Une meilleure communication sur le sujet permettrait sans doute que la pilule passe un peu mieux… L’utilisation de drones pour contrôler les excès de vitesse annoncée en octobre par le gouvernement les crispe encore plus car ils sont 57 % à se prononcer contre.

Les radars fixes

Radars feux rouges, radars tronçon, radars discriminants… Ils mettent en rogne 41 % des Français, même s’ils ont permis d’épargner de nombreuses vies depuis leur mise en place. « C’est notamment le cas pour ceux qui roulent à 6 ou 7 km/h au-dessus de la limite autorisée. Ils comprennent mal d’être sanctionnés financièrement et de perdre des points alors qu’ils n’ont pas vraiment l’impression de mettre en danger les autres », déclare Geoffrey Michalak. L’association 40 millions d’automobilistes se fait d’ailleurs souvent le relais de la grogne des automobilistes sur le sujet comme récemment à propos d’un radar installé sur le périphérique extérieur de Toulouse (A62) accusé de flasher 1.000 fois par heure. La mise en place de 500 nouveaux radars annoncée par le gouvernement en octobre est encore plus mal acceptée, car elles rebutent 57 % des Français. « Si les radars avaient un impact autre que sur la tirelire des conducteurs, la mortalité n’aurait pas augmenté ces derniers mois », a d’ailleurs déclaré Pierre Chasseray, délégué général de l’association.

L’interdiction des avertisseurs de radars

Cette mesure, annoncée en 2011, ne passe toujours pas. Car 57 % des Français ne l’approuvent pas. « Ce n’est pas étonnant, car ils apprécient généralement la mise en place de systèmes dissuasifs, tels que les radars pédagogiques par exemple, qui agissent comme des pense-bêtes et leur permettent d’éviter de petits excès de vitesse. Beaucoup de conducteurs se servaient des avertisseurs de radars dans cet esprit », commente Geoffrey Michalak.

L’interdiction du kit mains libres au volant

Un Français sur quatre rejette cette mesure, applicable depuis le premier juillet dernier. « Ils estiment que cela revient au même d’écouter la radio ou de parler avec un passager. Alors que ce n’est pas pareil : lorsqu’ils téléphonent, leur inconscient travaille à se représenter leur interlocuteur. Par ailleurs, lorsqu’il y a un danger, leurs réflexes sont altérés », explique Geoffrey Michalak. Téléphoner au volant augmente en effet le risque d’accident par trois.

La limitation de vitesse généralisée sur certaines routes

Pour l’instant, seulement certains tronçons d’autoroutes sont limités à 110km/h, certains bouts du réseau secondaire à 80 km/h et certaines rues des villes à 30 km/h. Mais si ces mesures venaient à s’étendre, elles seraient très impopulaires chez les conducteurs. Car plus de sept Français sur dix les rejettent en bloc. « Ils ne voient pas en quoi cela est plus dangereux de conduire à 10km/h au-dessus de ces seuils », commente Geoffrey Michalak. Selon lui, « des efforts de communication sont sans doute nécessaires de la part de la Sécurité routière. Car plus une mesure est acceptée par la population, mieux elle est appliquée ».

*Etude réalisée en ligne les 23 et 24 septembre 2015 sur 1.004 personnes représentatives de la population française, selon la méthode des quotas.