TELEVISIONQuel serait l’impact de la fin des pubs adressées aux enfants sur les chaines publiques?

Quel serait l’impact de la fin des pubs adressées aux enfants sur les chaines publiques?

TELEVISIONUne proposition de loi sur le sujet sera examinée à partir de mercredi au Sénat...
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Et si l’on supprimait la publicité dans les programmes jeunesse qui passent sur France Télévisions ? Cette idée d’André Gattolin, le sénateur EELV (Europe Ecologie Les Verts) des Hauts-de-Seine, fait l’objet d’une proposition de loi, qui sera examinée à partir de mercredi au Sénat.

Dans le détail, le texte prévoit l’interdiction de la publicité commerciale pendant les programmes jeunesse de France Télévisions et lors des quinze minutes qui les précèdent et qui les suivent. « Mais les messages publicitaires d’intérêt général et les produits génériques comme le lait, par exemple, seront toujours autorisés », précise André Gattolin.

Ouvrir le débat sur les risques de la pub pour les enfants

Une suggestion qui fait mouche auprès des Français, 71 % d’entre eux l’approuvant selon un sondage Ifop dévoilé mercredi. « Pas étonnant puisqu’ils sont conscients des dommages qu’entraîne la publicité sur leurs enfants », explique André Gattolin.

Le psychiatre et psychanalyste, Serge Tisseron, estime aussi que si cette proposition de loi était adoptée, « il n’y aurait que des avantages pour les enfants ». « L’interdiction des pubs dans les programmes jeunesse sur France Télévisions permettrait de lancer un débat public sur l’influence de la publicité sur les petits et donc de faire prendre conscience aux parents de l’intoxication publicitaire que leurs enfants subissent », explique-t-il.

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France TV serait un exemple

Selon Hervé Gattolin, si le texte passait, il permettrait aussi aux chaînes publiques « de renforcer leur mission de service public en différencient leurs messages publicitaires de ceux qui sont véhiculées sur les chaînes privées », indique-t-il. France Télévision ferait donc ainsi preuve d’exemplarité.

Plusieurs bémols demeurent cependant, car si la publicité adressée aux enfants disparaissait des chaînes publiques, ces derniers y seraient encore exposés sur les chaînes privées, ce qui réduit la portée du texte. Et il semble pour l’heure impossible d’entraîner les chaînes privées, uniquement financées par la publicité, dans ce mouvement vertueux.

Un rapport demandé au CSA chaque année

« Supprimer la publicité destinée aux enfants dans leurs programmes jeunesse les fragiliseraient trop économiquement », reconnaît André Gattolin. Pour que sa proposition de loi ait quand même un impact sur les chaînes privées, le sénateur suggère que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) remette chaque année un rapport au Parlement.

Il évaluerait les actions menées par les chaînes pour respecter les objectifs de santé publique, et formulerait des recommandations pour améliorer l’autorégulation du secteur de la publicité concernant le secteur jeunesse. Pas sur que cela soit très efficace.

Un impact non négligeable sur les finances des chaînes publiques

La fin des publicités adressées aux enfants sur les chaînes publiques aurait aussi un impact important sur leurs finances, puisque la publicité représente environ 26 % des revenus. Selon André Gattolin, « les chaînes publiques pourraient perdre 7 à 8 millions d’euros par an avec cette mesure ». Un souci à l’heure où France Télévision fait des pieds et des mains pour trouver de nouvelles sources de financement et que le retour de la publicité après 20h est même envisagé. Une objection qu’André Gattolin balaye d’un revers de la main : « Les publicités qui ne passeront pas dans les programmes jeunesse seront reportées sur d’autres plages horaires », affirme-t-il.

Mis bout à bout, ces points négatifs pourraient réduire les chances à cette proposition de loi d’être adoptée. Hervé Gattolin veut garder espoir et déclare avoir reçu le soutien de parlementaires de différents bords politiques…

*Sondage réalisé du 25 au 26 octobre 2015 par téléphone auprès de 1.005 personnes, représentatif de la population française, d’après la méthode des quotas.