Sécurité routière: «Ni le port des gants, ni le contrôle technique pour les deux-roues ne vont permettre de sauver des vies»
INTERVIEW•La Fédération française des motards en colère n'est pas satisfaite des mesures annoncées par l'exécutif pour renforcer la sécurité des motards...Propos recueillis par Laure Cometti
En 2014, les usagers de deux-roues motorisés ont été 23 fois plus exposés aux accidents mortels de la route que les automobilistes. Plus vulnérables, les motards et conducteurs de cyclomoteurs font l’objet de trois mesures sur les 22 annoncées ce vendredi par le Premier ministre Manuel Valls à l’issue du comité interministériel de sécurité routière.
Le port de gants homologués va devenir obligatoire, ainsi qu’un contrôle technique lors de la vente d’un deux-roues motorisé avec deux années au compteur. Pour conduire une moto dont la puissance est supérieure à 56 CV, il faudra avoir son permis moto depuis au moins deux ans avant de suivre une formation spéciale.
Mais les efforts de l’exécutif sont largement insuffisants pour la Fédération française des motards en colère (FFMC). Marc Bertrand, chargé de missions sécurité routière, a répondu aux questions de 20 Minutes.
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Êtes-vous satisfaits des trois mesures qui concernent les deux-roues motorisés ?
Non, ces mesures sont déconnectées de la réalité. Ni le port des gants, ni l’instauration du contrôle technique ne vont permettre de sauver des vies. La mesure sur le port des gants est bidon. La plupart des motards en portent déjà, sauf quelques urbains en scooters.
Concernant le contrôle technique obligatoire, il faut savoir que selon les chiffres du gouvernement, la majorité des accidents de deux-roues impliquent des motos qui ont moins de cinq années au compteur. En outre, l’enquête européenne MAIDS a observé qu’il n’y avait eu un problème technique du deux-roues que dans 1,1 % des accidents [sur près de 1 000 cas étudiés].
Ces mesures auront-elles un impact sur la sécurité des motards ?
Non, ou très peu. Et c’est d’autant plus déplorable que les piétons, les cyclistes et les deux-roues sont précisément les catégories les plus concernées par la hausse de la mortalité sur les routes.
Quelles décisions attendiez-vous de la part de l’exécutif ?
Certains usagers de deux-roues motorisés ne sont pas toujours conscients des risques qu’ils encourent et de leur vulnérabilité, c’est pour cela qu’il faut faire des formations et de la prévention. Il est aussi nécessaire de mieux former les automobilistes pour les aider à connaître et à anticiper les actions des deux-roues. Une meilleure interaction entre les types de véhicules, c’est le gros enjeu pour enrayer les accidents.
Concernant les équipements de protection et de sécurité, cela fait longtemps que nous réclamons l’abaissement de la TVA à 5 % [actuellement à 20 %]. C’est un moyen d’inciter les motards à bien s’équiper et se protéger.