La proposition de loi sur la fin de vie toujours à la recherche d’un consensus à l’Assemblée nationale
PARLEMENT•Rejeté par le Sénat, le texte d’Alain Clayes (PS) et Jean Leonetti (LR), de nouveau en discussion lundi à l'Assemblée nationale, suscite toujours autant la controverse…Vincent Vanthighem
Missionnant un député de gauche et un de droite, François Hollande a opté pour un texte tiède dans le but d’obtenir « un consensus » sur la délicate question de la fin de vie. « Résultat, il ne satisfait personne ! », déplore Jean-Luc Romero, le président de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD).
Six mois après un premier examen, la proposition de loi des députés Alain Claeys (PS) et Jean Leonetti (LR) revient, ce lundi après-midi, en deuxième lecture à l’Assemblée nationale. Entre-temps, le Sénat a pris le temps de la rejeter, non sans avoir, au préalable, détricoté chacun de ses articles. « Nous revenons donc au point de départ, sourit Jean Leonetti. C’est le même texte qu’en mars dont nous allons débattre. »
Quatre petits mots qui divisent
Avec le même résultat ? Sans doute. « Nous ne parviendrons pas à obtenir l’unanimité, prévoit, lucide le rapporteur de droite. Il y a deux noyaux d’irréductibles. Le but est donc de dégager une large majorité autour de ces noyaux… »
>> A lire aussi: Sédation, directives anticipées : Retour sur le lexique de la fin de vie
Comme dans la rue où les anti et les pro-euthanasie se sont affrontés ces derniers mois à coups de manifestations, l’hémicycle abrite deux groupes qui ne peuvent tomber d’accord sur quatre petits mots : « sédation profonde et continue ». Soit le droit de demander à être « endormi avant de mourir afin de ne pas souffrir ».
400 amendements déposés
Membres de la conservatrice « Entente parlementaire pour la famille », plusieurs députés (LR) y voient, tout simplement, un premier pas vers la légalisation de l’euthanasie active. A l’autre bout de l’échiquier, certains radicaux de gauche et écologistes estiment que cet article de loi ne va, au contraire, pas assez loin, regrettant qu’il ne prévoit pas clairement « une aide médicale à mourir ».
>> A lire aussi : Le jour où Jean a aidé Josiane à mourir
S’excusant de ne pas avoir trouvé de « meilleure formule », Alain Claeys et Jean Leonetti se préparent donc à recevoir près de 400 amendements en deux jours, tirant leur texte d’un extrême à l’autre. « Il ne faut pas oublier que cette loi est avant tout une grande avancée pour les malades, poursuit Jean Leonetti. J’espère que les collègues députés sauront s’en souvenir. »