A quelques semaines des élections régionales, Lilian Thuram, engagé dans la lutte contre le racisme avec sa fondation, veut inciter les Français à s’inscrire sur les listes électorales avant la date limite, le 30 septembre. Car si de plus en plus de jeunes désespèrent des hommes politiques, ils ne désintéressent pas forcément de la politique, comme le démontrait notre sondage paru dans notre édition du 16 septembre. Lilian Thuram souhaite qu’ils deviennent acteurs et non plus simples spectateurs.

«De toute ma carrière, jamais je n’ai vu un joueur préférer être sur le banc de touche plutôt que d’entrer sur le terrain pour peser sur le résultat final. Quelle que soit l’adversité. Quel que soit le pronostic. C’est pourtant hélas ce à quoi on assiste en France, élection après élection, de record d’abstention en record d’abstention.

Il n’y a pas de petite élection. Il n’y a que des choix que nous faisons ou que nous ne faisons pas. Il n’y a que des conséquences que cela entraîne ou non. A la jeunesse de France, dans les villes, les campagnes et les quartiers populaires, bougeons-nous, citoyens !

Des dernières élections locales, nous n’avons pas de quoi être fiers. Des villes qui s’offrent au FN. D’autres qui succombent aux reculs sociaux. Et pas parce qu’ils sont attirés par l’un ou par l’autre, mais parce que les femmes et les hommes qui croient encore en une alternative se démobilisent. Notamment les jeunes, particulièrement dans les lieux qui souffrent du chômage et des discriminations.

On dit que la politique ne change rien. Pourtant, dans toutes ces villes, des choses ont changé… Les associations de quartier, la vie sportive, l’animation culturelle, ont été les premières victimes de l’abstention. Les 6 et 13 décembre, se tiendront des élections régionales. Qui le sait ? Qui s’y intéresse ? Visiblement peu de Français, nous indique un récent sondage.

A chacun de prendre ses responsabilités. Aux politiques, bien sûr, qui ont le devoir de nous y intéresser. Aux médias, évidemment, qui doivent inciter au devoir citoyen. Aux citoyens engagés, également. C’est pourquoi j’adresse ce message aujourd’hui. A tous les jeunes, aux désenchantés, qui doivent eux aussi faire entendre leur voix et peser sur le cours des choses.

Voter a des conséquences sur nos vies, et on ne peut pas voter que pour l’élection présidentielle.

Si vous ne choisissez pas vous-mêmes, d’autres s’en chargeront pour vous.

Aux prochaines élections régionales, exprimez-vous !

Pour échapper aux mauvais destins qu’on vous promet, votez.

Pour vacciner la France, par l’éducation, contre le racisme et faire reculer les discriminations, votez.

Pour faire gagner l’égalité et la singularité, votez.

Pour faire passer les valeurs humaines avant les instincts de rejet de l’autre, votez.

Il reste encore quelques jours, jusqu’au 30 septembre, pour s’inscrire sur les listes électorales. Faites-le, entrez sur le terrain et exprimez ce que vous êtes. »