Procès des parents de Bastien: «Le traumatisme grave» de sa sœur toujours vivace
JUSTICE•Absente du procès de ses parents, la sœur de Bastien, aujourd’hui âgée de 9 ans, tente de se reconstruire, quatre ans après ce violent traumatisme…Hélène Sergent
Sur la photo, Marie* sourit timidement. Autour du cou, elle porte une écharpe verte que sa mère, Charlène Cotte, a tricotée lorsqu’elle était en détention. Jeudi, au cours de cette troisième journée d’audience devant les assises de Seine-et-Marne où sont jugés jusqu'à vendredi les parents du petit Bastien, accusés d'avoir tué leur fils de la pire manière, en l'enfermant dans un lave-linge mis en marche, le sort de la grande sœur de Bastien a été longuement évoqué. À la barre, l’un de ses assistants et la chef de service chargé de prendre en charge la fillette depuis la mort de son frère, ont décrit le traumatisme et l’impact du drame sur sa vie.
« Rendez-moi ma vie »
Immédiatement après les faits, l’Aide sociale à l’enfance (ASE) s'est occupée de Marie*. Pendant un an, l’assistant social qui a accompagné la famille d’accueil de la sœur de Bastien relève plusieurs signes inquiétants : des gestes violents, des comportements « sexués », des troubles alimentaires. « La première période a été très dure pour elle. Elle l’a d’ailleurs exprimé une fois à sa famille d’accueil en disant : 'rendez-moi ma vie' », se souvient le travailleur social.
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La responsable de service de l’ASE ajoute : « Elle avait un double visage. Parfois elle était très agréable, et parfois elle n’arrivait plus à communiquer, avait le regard noir, prenait une voix grave et se montrait menaçante ». Suivie à cette époque par une psychologue, le contact peine à s’établir entre la fillette et la psychothérapeute. Présente au moment de la mort de son frère, c’est elle qui a évoqué, la première, la machine à laver aux gendarmes le soir du drame.
Concrétiser la disparition de Bastien
C’est l’assistant social et un de ses collègues qui annoncent à Marie la mort de son petit frère : « Elle n’a pas eu de réaction particulière, elle continuait à dessiner ». À l’époque, elle est tout juste âgée de 5 ans. Après les obsèques, les éducateurs choisissent d’emmener l’enfant sur la tombe de Bastien. « La tombe était très fleurie, il y avait des statuettes. Là elle a beaucoup pleuré. De visualiser, de comprendre où son frère était, ça a concrétisé sa mort », explique l’assistant.
Depuis, Marie* a changé de famille d’accueil. Scolarisée, elle est aujourd’hui élève en classe de CM1 et voit ses grands-mères maternelle et paternelle à chaque période de vacance scolaire. Une nouvelle psychologue a été désignée par l’ASE qui assure qu’un lien privilégié a pu s’établir avec cette nouvelle analyste. Malgré les quatre années écoulées depuis les faits, « le traumatisme grave et majeur qu’elle a subi est toujours présent, soutient la responsable de service de l’ASE, elle dit régulièrement que Bastien lui manque. Certaines situations sont compliquées et elle ne maîtrise pas tous les mots. Par exemple elle parle toujours de broyeuse à salade alors que sa famille d’accueil lui a déjà dit que cela s’appelait une essoreuse ».
Toujours chargée de son suivi, la chef de service et l’avocate de la fillette l’ont informé du déroulé du procès : « Depuis, elle a des moments d’angoisse, elle se pose beaucoup de questions et on a décelé un tic au niveau d’un œil. Nous restons vigilants ».
*Le prénom a été modifié