SANTEVaccin anti-paludisme: Pourquoi le « RTS, S » suscite à la fois espoir et déception

Vaccin anti-paludisme: Pourquoi le « RTS, S » suscite à la fois espoir et déception

SANTEL'agence européenne du médicament a donné ce vendredi son feu vert à un vaccin expérimental prometteur aux effets plus limités qu'attendu…
Lison Lagroy

Lison Lagroy

Prometteur mais trop limité ? Le « RTS, S » ou Mosquirix, qui a obtenu ce vendredi un avis positif de l'Agence européenne du médicament est présenté comme le vaccin le plus avancé du monde contre le paludisme. Si les ONG s’en réjouissent, elles sont aussi partagées sur son efficacité.

« Paludisme : premier feu vert pour un vaccin, espoir pour l'Afrique http://t.co/tuGueSc26D #AFP pic.twitter.com/XNvhOExmdt — Agence France-Presse (@afpfr) July 24, 2015 »

Destiné seulement aux enfants

Pour le moment, cette injection développée par le géant pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) en partenariat avec l'ONG Path malaria vaccine initiative, est destinée aux seuls enfants en bas âge : les études réalisées ont prouvé qu’il était favorable aux deux tranches d’âge étudiées (6 à 12 semaines et 5 à 17 mois).

Une bonne nouvelle quand on sait que sur les 584.000 décès liés au paludisme recensés dans le monde en 2013, « au moins les trois quarts » concerneraient des enfants de moins de 5 ans. L’ONG internationale PLAN précise que c’est en effet la « principale cause de mortalité infantile » dans les pays comme le Togo.

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Protection limitée

Une étude test sur plusieurs années, publiée en avril, avait montré que le « RTS, S » offrait aux jeunes enfants une protection limitée (le vaccin avait été efficace pour prévenir la maladie chez 56% des enfants de 5 à 17 mois vaccinés et chez 31% des enfants de 6 à 12 semaines), mais « pourrait néanmoins protéger des millions de petits exposés au parasite ».

Le docteur Martin De Smet, coordinateur des activités contre le paludisme de Médecins sans frontières (MSF) pointe toutefois plusieurs problèmes : la protection modeste (MSF avait l’espoir que la protection serait fixée à 50 %, mais elle couvrirait aujourd’hui 25 à 30 % des épisodes de paludisme), le fait qu’elle disparaisse au bout de quelques années mais aussi celui que le vaccin doive être fait en quatre injections.

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Les trois premières piqûres doivent être faites à un mois d’intervalle, tandis que la dernière sera effectuée 18 mois après. Pour le professeur De Smet, il est parfois « compliqué de s’assurer que les enfants aient bien eu les quatre vaccins », ce qui ne rend pas la démarche évidente pour les habitants de ses pays pauvres. Les inquiétudes portent donc également sur la « praticité » et la « faisabilité » du projet : le docteur De Smet questionne entre autres le fait de devoir garder les vaccins à une température de moins de 8 degrés. « Comment cela peut-il être possible dans des pays aussi chauds ? » assène-t-il.

En clair, s’il fonctionne, ce vaccin ne marche pas « aussi bien qu’espéré au départ » résume à l’AFP Nick White, professeur de médecine tropicale à l’Université Mahidol à Bangkok et à Oxford. S’il faut encore attendre les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) attendues en novembre avant une éventuelle diffusion sur le continent africain au plus tôt en 2017, ce vaccin expérimental resterait tout de même, selon les auteurs de l’étude, le plus prometteur contre le paludisme.