VIDEO. Morts en randonnée: Les accidents du cœur à l'origine d’un décès sur deux
FAITS DIVERS•Les secouristes préviennent des risques liés à une mauvaise préparation physique…William Molinié
De notre envoyé spécial à Chamonix (Haute-Savoie)
Le jeune grand-père a oublié qu’il n’avait plus trente ans. En pleine ascension, à 2.000 mètres d’altitude, une douleur à la poitrine l’étreint. D’abord dérangeante, la suffocation devient insoutenable. Quelques minutes suffisent pour l’arrêt cardio-vasculaire. Et en pleine montagne, les premiers gestes de ses petits-enfants pour le réanimer sont vains.
En France, le nombre de morts en randonnée pédestre en montagne est d’environ 80 chaque année, soit l’activité la plus mortelle des sommets, devant le ski ou l’alpinisme. La moitié d’entre eux concerne des décès d’origine non traumatique, dus à des facteurs médicaux. Le reste est la conséquence d’une chute, d’un éboulement, d’avaries…
Mauvaise condition physique
« Il y a trente ans, les gens qui faisaient de la randonnée connaissaient les risques de la montagne. Aujourd’hui, on constate une transposition de la culture urbaine à la montagne », explique le major Hervé Pujol, chef instructeur au centre national d’entraînement à l’alpinisme et au ski (CNEAS) et référent secourisme pour la spécialité haute-montagne des CRS. Ainsi, avec l’usage du téléphone, les interventions des secouristes se sont multipliées. « Avant, les gens épuisés rejoignaient le premier village et y passaient la nuit. Aujourd’hui, il suffit que le portable passe pour qu’ils nous appellent afin de venir les chercher.»
Ces dernières années, ce sont surtout les accidents liés à une mauvaise condition physique ou à une déshydratation qui préoccupent les CRS. « Les randonneurs outrepassent leurs capacités physiques et ne sont pas toujours en bonne santé. Ou alors, c’est le jeune grand-père à la retraite qui reprend une activité physique trop fortement », soulignent les secouristes.
Evolution des interventions des CRS haute-montagneCreate infographics
Oxygène et défibrillateur
Dans le détail, les chiffres ne permettent pas de confirmer précisément cette tendance constatée sur le terrain. « Cela dépend de la fréquentation et de la météo. Or il n’y a pas de chiffre précis de la fréquentation car tous les randonneurs ne sont pas adhérents à la fédération. Et concernant la météo, elle est trop variable d’une année sur l’autre », explique Claude Jacot, responsable du système national d’observation de la sécurité en montagne (SNOSM).
Les secouristes doivent s’adapter à la population grandissante de randonneurs, de plus en plus urbains, et peu préparés. « Le volet secourisme dans notre formation est de plus en plus fondamental », atteste le CRS. Désormais, les équipes de secours partent quasiment systématiquement avec de l’oxygène, un défibrillateur, un moniteur… « Dans 90% des interventions, on a un médecin avec nous », poursuit-il. Mais lorsqu’il s’agit d’un arrêt cardiaque en haut d’un col ou sur une crête, le temps joue contre les secouristes. L’hélicoptère sert surtout à ramasser le corps.