S'inscrire à l'université, «un vrai marathon» pour certains
REPORTAGE•Alors que l'UNEF épingle les facs dans son enquête parue mercredi, les futurs étudiants cherchent des solutions pour pouvoir s'inscrire dans l'enseignement supérieur...Lison Lagroy
L’enquête de l’Union nationale des étudiants de France (Unef) publiée mercredi dénonce le parcours du combattant pour s’inscrire dans l’enseignement supérieur : sélection illégale dans certains établissements et capacité d’accueil réduite alors que le nombre de demandes d’inscriptions est en augmentation…
Quand on arrive devant le centre Pierre Mendès-France de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, on constate que les complications sont bien présentes pour certains étudiants. Les inscriptions administratives ont déjà débuté dans les amphithéâtres adjacents, mais pour beaucoup, c’est vers le stand SOS Inscriptions de l’UNEF que l’on se tourne. D’autres ont préféré appeler le standard, en surchauffe depuis hier.
« Le standard de l'@UNEF SOS inscription chauffe ! Laissez nous un message avec vos coordonnées pour qu’on puisse vous rappelez. #APB2015 — UNEF (@UNEF) July 15, 2015 »
Une centaine de dossiers à cause de la « situation ingérable »
A la tête du stand rue de Tolbiac, Margaux, militante, conseille les étudiants. « On pourrait croire que les filières les plus touchées sont les filières sélectives, mais c’est faux. Evidemment, elles le sont aussi, mais nous avons constaté le plus de soucis pour s’inscrire en économie, gestion, droit, ou encore administration économique et sociale (AES) », des parcours pourtant populaires qui offrent des débouchés multiples.
La faute au manque de budget et donc de places. « Ajoutez à cela la sélection illégale pratiquée par certaines facs (Paris 1 a vu 23 de ses formations visées par l’enquête de l’UNEF), et on arrive à cette situation ingérable ».
La jeune femme aux lunettes rondes a constaté cette année une « multiplication des problèmes liés au site Admission Post Bac » mais les doubles cursus (histoire-science politique, droit-gestion, philosophie-lettres…) sont ceux où l’on constate le plus de problèmes pour s’inscrire. Dans ces deux cas, ainsi que lors de certaines reprises d’études, les étudiants se retrouvent sans formation à cause de leurs vœux refusés, obligés de s’orienter par défaut, ou à devoir étudier loin de chez eux, parfois en province alors que la formation existe ici. Margaux entend défendre ceux qu’elle peut en leur offrant des conseils adaptés à chacun : depuis près d’une semaine, le syndicat a dénombré une centaine de dossiers à problèmes.
Admission à l’université : « A Cergy, nos pratiques de sélection ne sont pas illégales »
Etre refusé, « c’est angoissant »
Parmi eux, Floriane, 18 ans, qui commence sérieusement à stresser pour la rentrée. Après avoir décroché son bac l’année dernière, commencé une classe préparatoire et voyagé à Londres, elle a cette année fait près d’une quinzaine de vœux sur APB. La garantie pour avoir forcément quelque chose ? Pas forcément.
Ayant déjà son bac depuis un an, la jeune fille n’est pas prioritaire sur les formations qu’elle a demandées (économie, histoire…) et n’a pas décroché Sciences-Po. « Je n’ai rien eu du tout, répète-t-elle. J’ai bien attendu la dernière phase d’admission [qui se terminait hier], en me disant que peut-être… » Mais le voyant clignotant affichait pour tous ses vœux : « Refusé par l’établissement ».
Une décision difficile à vivre pour celle qui ne voit pas d’échappatoire. « C’est angoissant de voir le nombre de personnes qui sont dans le même cas, car cela veut dire qu’on est beaucoup pour les places restantes », s'inquiète-t-elle, sans totalement désespérer pour autant. Elle ira, dossier en main, démarcher chaque université.
« Aucune fac ne m’accepte »
C’est aussi le cas d’Alexandra, 18 ans, qui veut se réorienter en éco-gestion après une année de LEA à la Sorbonne. La jeune fille, à qui on avait conseillé de ne pas passer par Admission Post Bac, est tombée des nues en voyant les difficultés qui l’attendent : « Je démarche les facs une par une et personne ne veut m’accepter, même pas la Sorbonne où je suis déjà ! ».
La seule solution : continuer à frapper aux portes de toutes les facs, « un vrai marathon » pour ces jeunes filles qui gardent quand même le sourire.