Attentat en Isère: Salhi dit avoir voulu se venger d'une «humiliation» subie
FAITS DIVERS•En garde à vue, le suspect s'est montré parfois souriant et semble ne pas avoir de mal à communiquer...20 Minutes avec AFP
Yassin Salhi, soupçonné d'avoir assassiné et décapité son patron le 26 juin, a expliqué aux enquêteurs avoir voulu se venger d'« une humiliation » infligée par sa future victime, et non commettre un attentat islamiste, a rapporté un avocat qui l’a assisté.
« Il explique (son acte) par la vengeance, par l’humiliation que lui aurait fait subir son employeur », a rapporté Me Michel Kohn, qui a représenté Yassin Salhi quand cet homme a poursuivi sa garde à vue à Paris après l’avoir entamée à Lyon.
« Il dit, c’est “parce que j’ai été humilié, j’ai fait ce que je devais faire” », a ajouté l’avocat.
« Une mise en scène »
Mais, si cet assassinat a été commis à la suite d’un différend d’ordre personnel et professionnel, pourquoi aurait-il choisi de se livrer à une mise en scène macabre, rappelant le décorum des groupes djihadistes combattant en Syrie et en Irak ? « C’est une mise en scène pour créer un choc, une impression la plus violente possible, à la mesure de l’humiliation subie », a répondu Me Kohn, qui évoquait les propos de Yassin Salhi. L’avocat a ajouté ne pas avoir pu élucider ce qu’était la nature exacte de l’humiliation supposée.
L’avocat a refusé de commenter les informations selon lesquelles Yassin Salhi était de longue date un islamiste radical. « L’instruction révélera ce radicalisme ou pas », a-t-il dit, ajoutant que l’assassinat d’Hervé Cornara et l’attentat contre un site gazier n’ont pas été revendiqués.
« Ce radicalisme n’avait pas suffisamment d’ampleur pour que le fichage continue », a souligné Me Kohn. Yassin Salhi avait fait l’objet d’une fiche des services de renseignement jusqu’en 2008. Concernant les deux photos de sa victime, dont un selfie envoyé à un destinataire en Syrie, Yassin Salhi invoque « un élément d’improvisation, comme un témoignage qu’il aurait fait », selon Me Kohn.
Salhi est parfois souriant
L’homme de 30 ans à qui ces clichés ont été envoyés a été présenté par l’assassin présumé, comme « un frère, quelqu’un qui l’a beaucoup aidé quand il avait des problèmes », a rapporté Me Kohn. Mais il n’aurait plus eu de relations récentes avec cet homme, Sébastien-Younès V.-Z. Il a expliqué un contact récent comme un appel par erreur du djihadiste, selon l’avocat.
Quant à l’attentat contre l’usine commis dans la foulée de l’assassinat, Yassin Salhi a expliqué qu’il avait eu « l’idée d’un suicide, sans se rendre compte des conséquences en termes de pertes humaines ».
Yassin Salhi est « abîmé physiquement, brûlé », mais il « s’exprime tout à fait correctement, il était parfois même assez souriant, c’est quelqu’un qui est relativement à l’aise avec les êtres humains », selon l’avocat.
A la question de savoir si Yassin Salhi avait conscience de la monstruosité de l’acte qu’il avait commis, Me Kohn a répondu qu’il ne le savait pas.