TERRORISMEAttentat en Isère: Ce qu'on a appris sur l'attentat et le suspect dimanche

Attentat en Isère: Ce qu'on a appris sur l'attentat et le suspect dimanche

TERRORISMEYassin Salhi a quitté Lyon pour Paris avec quelques secrets dans ses bagages...
Nicolas Beunaiche

N.Beu.

L'enquête sur l'attentat de vendredi, en Isère, progresse. Ce dimanche, Yassin Salhi a avoué qu'il avait assassiné son employeur, Hervé Cornara. Mais de nombreuses zones d'ombre subsistent dans cette affaire. 20 Minutes fait le point sur les révélations de ce dimanche et les questions qui restent sans réponse.

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Salhi avoue avoir assassiné son employeur

Yassin Salhi, le suspect de l’attentat en Isère, a avoué avoir assassiné Hervé Cornara. Mais le motif de cet assassinat demeure encore flou. Les premiers résultats de l’autopsie d’Hervé Cornara n’ont pas permis de déterminer les causes exactes de la mort, et notamment s’il était décédé au moment de la décapitation. Des examens complémentaires sont en cours. La tête avait été retrouvée accrochée à un grillage d’enceinte d’une usine de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), entourée de drapeaux où était écrite la profession de foi islamique rappelant les mises en scène macabres du groupe EI. Le suspect a expliqué aux enquêteurs avoir tué son patron sur un parking en se rendant sur les lieux de l’attentat. Mais il n'a pas fait de revendications religieuses, a déclaré une source proche du dossier à 20 Minutes. Deux jours plus tôt, Yassin Salhi avait eu un différend d’ordre professionnel avec sa victime. Le ton était monté entre les deux hommes, quand l’employé avait fait tomber une palette de matériel informatique.

Son selfie macabre a été envoyé en Syrie

Un élément met les enquêteurs sur la piste djihadiste : le selfie macabre que Salhi a pris avec la tête de son patron assassiné, et qu’il a ensuite envoyé vers la Syrie. L’exploitation du téléphone portable de Yassin Salhi avait permis d’établir que le selfie pris avec la tête de son patron assassiné vendredi avait été envoyé vers un numéro canadien, par l’application de messagerie instantanée WhatsApp. Mais les enquêteurs étaient convaincus que le destinataire était en fait dans les zones de djihad irako-syriennes et pensent avoir identifié un djihadiste français présent dans les zones de combats et qui est répertorié parmi les 473 jihadistes français actuellement sur place. Originaire de Vesoul, cet homme, prénommé Sébastien-Younès, est parti en novembre 2014 en Syrie, rejoignant le secteur de Raqa, où il combattrait dans les rangs de l’organisation État islamique (EI), selon des sources proches du dossier. Aucune source n’a fait état d’éléments montrant que Yassin Salhi se serait lui-même rendu en Syrie, bien qu’il ait été repéré depuis le milieu des années 2000 par les services de renseignement comme s’étant radicalisé dans sa ville natale de Pontarlier (Doubs).

Sa radicalisation aurait commencé dans le Jura

Yassin Salhi était-il un loup solitaire djihadiste ? La question se pose aux enquêteurs. Placées en garde à vue, son épouse et sa sœur ont en tout cas été relâchées ce dimanche. Salhi a, lui, quitté Lyon en fin d’après-midi et devait être conduit à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), selon une source proche du dossier. Sa garde à vue, débutée vendredi soir à Lyon, peut durer jusqu’à 96 heures. Les enquêteurs, qui ont récupéré son passeport à son domicile de Saint-Priest, cherchent notamment à reconstituer le parcours du suspect. Fiché de 2006 à 2008 par les services de renseignement pour radicalisation, Yassin Salhi, originaire du Doubs et fraîchement arrivé à Saint-Priest, dans la métropole lyonnaise, avait de nouveau été repéré entre 2011 et 2014 pour ses liens avec la mouvance salafiste lyonnaise. Il s’était radicalisé à Pontarlier au début des années 2000 au contact d’un homme soupçonné d’avoir préparé des attentats en Indonésie avec des militants d’Al-Qaïda. Des éléments de départ, qui ne comblent toutefois pas tous les trous.