VIDEO. Mouton-méduse: Les trois questions que pose l’affaire
SANTE•L’Inra a reconnu que la viande d’un agneau issu d’une mère génétiquement modifiée a été vendue à un particulier…Nicolas Beunaiche
Rubis a-t-elle fini en gigot dans l’assiette d’un Francilien ? Selon l’Inra (Institut national de recherche agronomique) de Jouy-en-Josas, confirmant une information du Parisien, cette agnelle issue d’une brebis génétiquement modifiée a été vendue à un abattoir en août 2014, avant d’être commercialisée en Ile-de-France en octobre. Les faits seraient le résultat d’un acte de malveillance survenu à Bressonvilliers (Essonne), sur un site expérimental dépendant de l’Inra de Jouy-en-Josas (Yvelines). 20 Minutes fait le point sur l’affaire.
Comment un agneau OGM peut-il se retrouver à l’abattoir ?
Dans le cadre de projets de recherche, quelques unités dépendantes de l’Inra, dont le site expérimental de Bressonvilliers, conduisent des élevages. Les animaux sélectionnés pour les recherches sont alors isolés et les animaux surnuméraires sont « commercialisés dans le cadre réglementaire applicable aux élevages », via des abattoirs partenaires, indique l’Inra dans un communiqué. Rubis aurait dû être « euthanasiée » puis sa carcasse « incinérée », a indiqué Benoît Malpaux, le président du centre de recherche de Jouy-en-Josas, sur France Info. D’après les conclusions de l’enquête administrative, c’est un employé assigné au suivi du cheptel des ovins-caprins qui aurait volontairement déplacé Rubis d’une catégorie à l’autre, en direction de l’abattoir, pour une raison encore incertaine.
La viande de l’animal est-elle mauvaise pour la santé ?
Non, assure l’Inra. L’agnelle, issue d’une brebis génétiquement modifiée grâce à un gène de méduse, appartenait aux OGM du groupe I, « dont le risque pour la santé humaine et pour l’environnement est nul ou négligeable », précise l’institut dans un communiqué. Elle faisait simplement partie d’un programme de recherche en cardiologie. Pour comprendre chez l’ovin, animal modèle pour l’homme, « la greffe de cellules pour restaurer une fonction cardiaque défaillante suite à un infarctus du myocarde », les chercheurs avaient besoin d’animaux exprimant une protéine baptisée GFP (green fluorescent protein). « Les cellules [des animaux testés] exprimaient [alors] une protéine fluorescente que l’on pouvait détecter avec une lumière particulière », sans risque sur la santé, décrit Benoît Malpaux. C’est ainsi qu’est née Emeraude, la mère de Rubis. Cette dernière, en revanche, « n’exprimait pas cette protéine », selon le communiqué de l’Inra. « Une expertise toxicologique a confirmé qu’il n’y avait pas de danger, a d’ailleurs rassuré Benoît Malpaux. Le mouton était propre à la consommation humaine et les autorités sanitaires doivent se prononcer rapidement sur cette question. » Cet après-midi, l'Inra a publié une note d'appui scientifique de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) le confirmant.
Qui a acheté la viande de l’agnelle ?
Personne ne le sait, et il est probable que l’on ne le sache jamais. L’Inra a indiqué que Rubis, née au printemps 2014, a été transférée le 5 août de la même année vers un abattoir partenaire avant que sa carcasse ne soit vendue à un particulier francilien le 28 octobre. Rien ne la distinguait des autres. Et même si la protéine dans le gène modifié avait été active, il aurait été impossible pour l’acheteur de s’en rendre compte. Et pour cause : « La couleur fluo [caractéristique de la protéine] ne se voit pas à l’œil nu », a précisé Benoît Malpaux. Il sera en outre très difficile de remonter le fil jusqu’à l’acheteur. « En effet, dans le cas de vente à des particuliers (comme c’était le cas pour Rubis), les exigences de traçabilité des abattoirs sont moins exigeantes », rappelle Le Parisien.