EXAMENLe bac de philo, ses légendes urbaines et ses idées reçues

Le bac de philo, ses légendes urbaines et ses idées reçues

EXAMEN« 20 Minutes » démonte les histoires folles et les rumeurs bêtes qui circulent au sujet de l’épreuve sur le Web…
Nicolas Beunaiche

N.Beu.

Est-il raisonnable de croire aux anecdotes rocambolesques racontées sur le Web ? Si le sujet du bac de philo de ce mercredi devrait être tout autre, les lycéens de terminale seraient tout de même avisés de se poser sérieusement la question. Surtout s’ils comptaient jouer leur va-tout sur les légendes urbaines et les idées reçues qui circulent sur la Toile au sujet de l’épreuve de philosophie… A lire certains échanges sur les forums et les réseaux sociaux, il semblerait en effet que collent encore aux basques des professeurs de philosophie de drôles d’a priori. 20 Minutes fait le tri.

« J’ai rendu une copie quasiment blanche et j’ai eu 20 »

L’anecdote la plus connue raconte le coup d’éclat retentissant d’un élève. Alors qu’il devait plancher sur le sujet « Qu’est-ce que le courage ? », ce téméraire lycéen se serait contenté d’écrire « C’est ça », puis aurait rendu sa copie telle quelle, avant de quitter la salle d’examen. Une fabuleuse histoire qui semble être arrivée à beaucoup de « frères » et d’« amis » d’internautes. En réalité, il s’agit d’une « légende », précise le ministère de l’Education noir sur blanc sur son site. Une légende qui serait née d’une scène du film Pion, sorti en 1979, selon Slate.



« J’ai demandé une nouvelle correction et mon 3 est devenu 19 »

Cette histoire surfe sur l’idée qu’en philosophie, les écarts de points peuvent être gigantesques. Mais elle se heurte à deux écueils. D’abord, « les enseignants évaluent les lycéens selon les mêmes critères objectifs : la compréhension de la question ou du texte, l’argumentation et les références », explique Christian Godin, auteur du Bac philo 2015 pour les nuls. Ainsi, si certaines copies « atypiques » - « environ 10 % du total »- peuvent donner lieu à des notations très différentes, « la grande majorité met d’accord les professeurs », poursuit-il. Les réunions d’enseignants avant et après les corrections sont d’ailleurs là pour permettre la discussion et l’harmonisation des notes. Enfin et surtout, l’histoire mentionnée plus haut est rendue impossible par le simple fait que la double correction n’existe pas. Elle « aurait un coût humain et financier trop important » et « nécessiterait beaucoup plus de temps », justifie le ministère de l’Education. En d’autres termes, « le jury est souverain », résume Christian Godin.

« Je n’ai pas lu une ligne de philo de toute l’année et j’ai eu 18 »

L’épreuve de philosophie est décidément le moment de toutes les bravades. « J’entends souvent ce lieu commun, raconte Christian Godin. L’élève n’a rien fait de l’année, a eu 5 à chaque devoir en classe, et obtient finalement une note faramineuse le jour du bac… » Impossible ? Le professeur d’histoire ne va pas jusque-là, mais il qualifie ce type de cas d’« ultra-exceptionnel ». Pour la bonne et simple raison que l’« on ne peut pas penser sans bases, continue-t-il. Sans citations ni références classiques, on peut espérer s’en sortir avec la moyenne. » Dans le meilleur des cas.