Bac 2015: Le gouvernement s'attaque aux fuites
EXAMEN•L’Éducation nationale tente d’empêcher les rumeurs, souvent fausses, sur les sujets qui vont tomber…Lison Lagroy
Quand vous tapez « Sujet bac 2015 » sur Google, vous pourrez trouver des sites sérieux qui recensent les sujets probables, selon plusieurs techniques : il est impossible, par exemple, qu’un même énoncé tombe deux années de suite et le poids du sujet dans le programme compte aussi. Outre ces prédictions un peu floues, il existe des fuites, où le sujet très précis (avec l’intitulé et parfois même la photo du sujet en question) est divulgué en avant-première.
Twitter et les forums
L’année dernière par exemple, les sujets de l’épreuve de philosophie avaient fuité sur Twitter moins d’une heure avant le début de l’examen. Deux fuites avaient également été constatées dans la première heure de composition, avant que les sujets ne soient rendus publics. Le site internet e-orientations.com avait lui même été prié de retirer les sujets publiés trop tôt sur leur site, ainsi que sur son compte Twitter.
Autre canal privilégié de fuites : les forums de discussions. En 2013, un internaute avait annoncé 24 heures à l’avance un sujet de l’épreuve anticipée d’histoire-géographie en classe de 1ere scientifique. L’année d’avant, c’était l’épreuve de mathématiques des terminales qui était dévoilée à l’avance. Ces deux divulgations ont été faites sur le même forum : celui du site Jeuxvideo.com.
La gendarmerie veille
Face à cette recrudescence, le ministère Florence Robine, directrice générale de l’enseignement scolaire du ministère de l’Éducation nationale a rappelé vendredi que « les forces de police seront mises au courant et agiront en conséquence ».
Pour lutter contre ces fuites, le ministère de l’Education nationale a mis en place depuis trois ans un accord avec la brigade de lutte contre la cybercriminalité de la gendarmerie. L’idée : que les forces de l’ordre assurent une veille sur Internet (blogs, forums…) et en particulier sur les réseaux sociaux, de la veille du premier examen, jusqu’au dernier jour. Pour ce faire, les gendarmes bénéficient d’outils informatiques dédiés, qui permettent de « déceler une fuite éventuelle avant le début des épreuves, à en rechercher les auteurs et permettre à l’Education nationale de réagir rapidement en substituant éventuellement des sujets de remplacement si une fraude avérée est découverte assez tôt », explique-t-on à la brigade.
Le plus compliqué pour cette équipe : identifier les suspects si une plainte est déposée suite à la fraude. Les pseudos utilisés par les internautes permettent l’anonymat et Twitter ne communique pas toujours l’identité des twittos, même lors de délits. La seule solution restante est alors de se référer à l’adresse IP de l’internaute pour retrouver les diffuseurs originels. L’affaire sera ensuite reprise par la justice.
Les fraudeurs risquent gros
Si la fuite des sujets est avérée, les auteurs encourent 9.000 euros d’amende, 3 ans de prison et des sanctions disciplinaires. Selon la loi du 23 décembre 1901, « quiconque se sera rendu coupable d’un délit de fraude, notamment en livrant à un tiers ou en communiquant sciemment, avant l’examen ou le concours, à quelqu’une des parties intéressées, le texte ou le sujet de l’épreuve » sera puni. Pareillement pour des éventuels complices.
Si la fraude provenait d’un membre du personnel de l’Education nationale, celui-ci serait également passible de sanctions disciplinaires. Par exemple, le ministère porte systématiquement plainte lorsque la fraude a été effectuée « par l’intermédiaire des rectorats ».
Digicodes, vigiles, vidéosurveillance… tout est fait pour que les sujets restent secrets jusqu’au dernier moment. Chaque personne qui entre en contact avec ces sujets a obligatoirement signé une charte de confidentialité.
Certains sites comme sujetbac.com ont choisi de tourner cette chasse effrénée au sujet à la rigolade… en concluant que le meilleur moyen de décrocher le bac, c’est encore le travail.