Affaire du Carlton: DSK, du «cochon» accusé de proxénétisme à la relaxe
JUSTICE•L’ancien président du FMI, accusé de proxénétisme aggravé en bande organisée, a été relaxé ce vendredi. Retour sur ce dossier…afp
Poursuivi pour proxénétisme aggravé en bande organisée, Dominique Strauss-Kahn a été relaxé vendredi en correctionnelle dans l’affaire dite du Carlton de Lille. Cette décision judiciaire clôt la série de scandales sexuels qui ont brisé sa carrière. Retour sur l’affaire en trois temps.
1) La vie privée étalée. Après l’affaire du Sofitel de New York, où l’ancien directeur du FMI, accusé de tentative de viol, est apparu menotté devant les télévisions du monde entier, DSK a vu sa vie privée étalée de façon crue et souvent gratuite à l’occasion de l’affaire dite du Carlton. Il est alors présenté par les magistrats instructeurs comme le principal bénéficiaire et instigateur de soirées libertines à Paris et Washington. De son côté, DSK dit ignorer que les participantes étaient des prostituées rémunérées.
Le dossier d’instruction de 210 pages qualifie DSK de « très actif » et ne cache rien des pratiques sexuelles des différents protagonistes ni les détails sordides. Sont pointés, entre autres, son « mode de consommation sexuelle sans égard ni attention », sa « violence », et son « type de pénétration sexuelle » qui « nécessitait de recourir à des professionnelles rémunérées ». Au début de l’enquête, Richard Malka, l’un des avocats de Dominique Strauss-Kahn, insistait déjà sur le fait que « le droit ne condamne pas forcément ce que la morale réprouve ». Une mise en garde manifestement insuffisante à cette étape, à laquelle DSK apparaît, aux yeux de tous, comme « mi-homme, mi-cochon », ainsi que le décrit la chroniqueuse Marcela Iacub dans un livre.
2) Le dossier s’effondre. Me Henri Leclerc, l’un des avocats de Dominique Strauss-Kahn, l’avait proclamé dès 2012 : le dossier « s’effondre immédiatement » s’il est soumis à un débat contradictoire. « En réalité, il n’y a pas d’élément à charge contre DSK », avait-il insisté, qualifiant le dossier de « creux, vide, surfait ».
Trois ans après, en février 2015, c’est effectivement ce qui s’est passé. « En mettant dans la balance tous les éléments à charge et à décharge, je considère que ni l’information judiciaire, ni l’audience n’ont permis d’établir la preuve de la culpabilité de M. Strauss-Kahn », a déclaré le procureur de Lille Frédéric Fèvre, requérant la relaxe « pure et simple ». Le dossier mené à charge par les magistrats instructeurs, « fragile échafaudage », comme le qualifie la chroniqueuse judiciaire Pascale Robert-Diard, s’est écroulé.
3) La relaxe. Quatre ans après le début du scandale, ce 12 juin, l’ancien favori de l’élection présidentielle de 2012 est relaxé. Le tribunal correctionnel de Lille a estimé que DSK avait eu « un comportement de client non répréhensible par la loi pénale », n’ayant fait que « bénéficier des modalités d’une prestation sexuelle de groupe ». Ce jugement est pour lui la fin d’une série d’ennuis judiciaires qui ont brisé net sa carrière. Dominique Strauss-Kahn, qui n’a affiché un large sourire qu’après la fin de l’audience, s’est éclipsé rapidement sans dire un mot, laissant à ses avocats le soin de le faire à sa place.