Concours enseignants du secondaire: Pourquoi certaines disciplines ne recrutent-elles pas suffisamment ?
EDUCATION•Le métier ne semble toujours pas assez attractif pour de nombreux jeunes...Delphine Bancaud
Le constat n’est pas neuf mais il se vérifie encore. Selon une note de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) publiée ce mercredi, bien que les concours enseignants aient attiré beaucoup plus de candidats en 2014, certains postes sont restés vacants. 20 minutes analyse les raisons de ce « gap » entre l’offre et la demande.
Les maths ne recrutent toujours pas assez
Selon la note de la Depp, en 2014,1.200 postes sont restés vacants en mathématiques (contre 31 % en 2013). Une situation qu’explique Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen-CFDT : « En maths, on recrute beaucoup et donc forcément on épuise assez vite le vivier. Par ailleurs, les matheux ont de nombreux autres débouchés que l’enseignement ». Un avis partagé par Caroline Lechevallier, secrétaire nationale du Snes : « Les bacheliers bons en maths s’orientent en classe prépa et rarement vers l’université car ils savent que le secteur privé leur offrira de meilleures conditions salariales ». Autre souci selon Catherine Moisan, Directrice de la Depp, qui s’est exprimé ce mercredi sur France Inter : « la pyramide des âges est déséquilibrée. Ce qui veut dire que quand vous avez beaucoup d’enseignants à la retraite, vous avez beaucoup de besoins et donc vous mettez beaucoup, beaucoup de postes ». Or, les vocations ne sont toujours pas suffisantes.
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Les profs d’anglais manquent à l’appel
Le taux de postes vacants a légèrement diminué, passant de 25 à 23 % entre 2013 et 2014. Les profs d’anglais seront donc toujours insuffisants dans les collèges et les lycées. Une crise des vocations pour cette discipline que Caroline Lechevallier explique par le fait que « toute personne bilingue cherchera prioritairement un emploi dans le privé ». « Les étudiants titulaires d’un master en langue ont généralement une double compétence en commerce ou en marketing par exemple, ce qui les destine souvent davantage à travailler en entreprise », renchérit Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. Pour Caroline Lechevallier « il ne suffit donc pas d’augmenter le nombre de postes, même en période de fort chômage pour que les gens décident de devenir enseignants ».
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Dans cette discipline, la totalité des postes proposés avait été attribuée en 2013. « Ce n’est plus le cas en 2014 avec 19 % de postes restés vacants », indique la Depp. Pour Caroline Lechevallier, les racines de ce problème de recrutement sont à chercher dès le collège : « de moins en moins de collégiens étudiant les langues anciennes, donc on a tari le vivier d’enseignants de lettres à la source ». Pour Christian Chevalier, ces chiffres témoignent aussi de la difficulté d’enseigner le français : « Pour beaucoup d’élèves, la maîtrise de la langue n’est pas installée à l’entrée du collège, ce qui implique un travail lourd et complexe pour les enseignants. Cela peut être anxiogène ».