ALCOOLLoi Macron: Un amendement qui pourrait détricoter la loi Evin examiné ce lundi

Loi Macron: Un amendement qui pourrait détricoter la loi Evin examiné ce lundi

ALCOOLL'ancien ministre tira la sonnette d'alarme dans «Le Parisien», estimant que sa loi limitant les publicités pour l'alcool est attaquée...
Oihana Gabriel

O.G.

Bientôt des publicités prônant les bienfaits de la bière et autres boissons alcoolisées sans les fameux messages de prévention ? C’est en tout cas la crainte de Claude Evin. L’ancien ministre de la santé, à qui l’on doit la loi du même nom qui limite les réclames pour le tabac et l’alcool, alerte dans les colonnes du Parisien de ce lundi. Claude Evin y explique dans une interview qu’un petit amendement discret dans la loi Macron, examiné ce lundi par les députés, pourrait découdre cette loi vieille de 25 ans. L'amendement du sénateur Gérard César (Les Républicains, ex-UMP) propose de différencier information et publicité sur l'alcool. Claude Evin explique que le texte risque notamment de compliquer la tâche des associations qui attaqueraient une publicité pour l’alcool. « La loi de 1991 interdisait la publicité pour l’alcool à la télévision, au cinéma et par voie d’affichage, précise l’auteur de la loi. C’est à nouveau autorisé pour les affiches depuis 1994. La loi de 1991 encadrait par ailleurs les « pubs », en précisant ce qui pouvait être dit : on ne pouvait alors que nommer le vin, dire le degré d’alcool, le nom et l’adresse de l’exploitation, etc... ». Depuis, d’autres précisions se sont glissées dans les réclames.

Plus de restrictions sur le tabac… moins sur l’alcool

Mais l’avocat souligne que la législation a détricoté les interdictions liées à l’alcool tandis que les messages d’alerte sur le tabac se sont multipliés.

VIDEO. Les campagnes contre le tabac, entre pédagogie et images choc

« La perception par l’opinion publique diffère, avec une image plus positive pour l’alcool. Surtout, les lobbys ne sont pas les mêmes. Le marché de la publicité pour l’alcool est énorme, notamment pour les bières et les alcools forts -- les pertes de recettes ont été importantes en 1991 », souligne l’homme politique. Qui conclue sur la dangerosité de l’alcool, aujourd’hui banalisé : « l’alcoolisme est une pathologie comme une autre, qu’il faut détecter et soigner. Même si je ne suis pas contre une consommation modérée (y compris à titre personnel…), il ne faut pas permettre à la publicité de banaliser un produit dangereux. »

Le gouvernement souhaite le statu-quo

Pour répondre aux inquiétudes de l'ancien ministre socialiste, le porte-parole du gouvernement, Stéphane le Foll, a préconisé, lundi, d'en rester au statu quo sur la loi Evin. Interrogé par France Inter sur cette disposition examinée en commission par l'Assemblée lundi dans le cadre de la loi Macron, le ministre de l'Agriculture a répondu : «Un amendement du Sénat revient sur cette question», mais «il faut faire très attention aux équilibres de la loi Evin. dès qu'on rouvre ce débat, quelles sont les limites qu'on met ?», a mis en garde Stéphane Le Foll. Dès qu'on touche à ces «équilibres, on peut avoir des débats qui risquent d'aller beaucoup plus loin que ce qu'on souhaite».