Affaire Kerviel: La Société générale «s'étonne» des nouvelles révélations de Médiapart
JUSTICE•Selon le site d'informations, une policière, en charge de l'enquête en 2008, a déclaré que ses investigations l'avaient conduite à «la certitude» que la «hiérarchie» de Kerviel «ne pouvait ignorer» les agissements de son trader...20 Minutes avec AFP
Pas question pour la Société générale de rester muette après les révélations de Médiapart dimanche au sujet des déclarations d'une commandante de police, Nathalie Le Roy. Selon le site, cette dernière en charge de l'enquête sur les pertes de la banque début 2008 a déclaré que ses investigations l'avaient conduite à «la certitude» que la «hiérarchie» de Jérôme Kerviel «ne pouvait ignorer» les agissements de son trader, lors d'une récente audition devant la justice.
Dans un communiqué envoyé dans la nuit de dimanche à lundi, la Société générale a dit «s'étonner» de ces informations. «L'affaire liée aux agissements frauduleux de Jérome Kerviel remonte maintenant à plus de 7 ans et a fait l'objet de plusieurs décisions de justice qui ont toutes reconnu la culpabilité pénale exclusive de Jérome Kerviel», souligne la banque.
«Société Générale s'étonne des déclarations qui auraient été faites par un policier au juge d'instruction parisien en charge des plaintes déposées par Jérôme Kerviel alors qu'il avait lui-même déclaré aux policiers qui l'interrogeaient en janvier 2008 qu'il avait agi seul et à l'insu de sa hiérarchie», précise le communiqué. La banque, «qui n'a pas accès à ce dossier judiciaire d'où seraient extraites les déclarations du policier», rappelle avoir elle-même «déposé deux plaintes pour dénonciation calomnieuse pour répondre aux deux plaintes déposées par Jérome Kerviel».
Le témoignage d'une ancien salarié en question
Selon Mediapart, Nathalie Le Roy a été auditionnée début avril par le juge d'instruction Roger Le Loire dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en juin 2014 pour «escroquerie au jugement», «faux» et «usage de faux».Elle a mentionné, à cette occasion, le témoignage d'un ancien salarié de la Société Générale.
Opérant au sein de l'entité «risques opérationnels», il a assuré à l'enquêtrice que «l'activité de Jérôme Kerviel était connue» et affirmé avoir alerté, en avril 2007, Claire Dumas, adjointe au directeur des risques opérationnels, et d'autres par le biais d'un message électronique «avec une tête de mort pour attirer leur attention».
Après avoir demandé l'extraction des messages électroniques du salarié et constaté que le fameux message ne s'y trouvait pas, Nathalie Le Roy a sollicité les échanges entre Claire Dumas et le salarié par messagerie électronique, par la voie d'une réquisition judiciaire qui serait restée «lettre morte», la Société générale n'ayant pas répondu à la réquisition.
Un procès civil en 2016
«A l'occasion des différentes auditions et des différents documents que j'ai pu avoir entre les mains, j'ai eu le sentiment puis la certitude que la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions prises par ce dernier», aurait déclaré Nathalie Le Roy, selon Mediapart.
Lorsque ses positions avaient été découvertes, en janvier 2008, Jérôme Kerviel avait exposé la banque à hauteur de 50 milliards d'euros. La Société Générale a toujours affirmé qu'en soldant ces positions au plus vite pour ne pas risquer la faillite, elle avait enregistré une perte de 6,3 milliards d'euros, dont avait été déduit un gain de 1,4 milliard réalisé par Jérôme Kerviel en 2007.
L'ancien trader a été condamné, par le tribunal correctionnel de Paris puis la cour d'appel qui a confirmé la peine, à 5 ans d'emprisonnement dont 3 ferme pour abus de confiance, manipulations informatiques, faux et usage de faux.A la mi-mars 2014, la Cour de cassation a rendu cette condamnation pénale définitive mais a cassé le volet civil de la décision, qui attribuait 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à la banque.
Un nouveau procès civil doit se tenir du 20 au 22 janvier 2016 pour établir la répartition des responsabilités dans cette perte, la banque ayant reconnu avoir failli sur le plan des contrôles.