Réforme du collège: Ce qui est vrai, ce qui est faux
EDUCATION•Adoptée le 10 avril par le Conseil supérieur de l'Education, ce texte suscite toujours le débat et les interprétations de toutes sortes...Delphine Bancaud
Tout a été dit sur elle ou presque. La réforme du collège adoptée par le Conseil supérieur de l’éducation le 10 avril ne fait toujours pas consensus. Alors que beaucoup de contre-vérités ont été assénées ces dernières semaines à son sujet, 20 Minutes démêle le vrai du faux.
Les langues mortes ne seront plus étudiées
Faux. Sur les réseaux sociaux, les «#jesuislatiniste» se sont multipliés pour déplorer la fin des langues mortes au collège. Mais la réalité est beaucoup plus nuancée. La réforme prévoit bien la fin de l’option de latin et de grec au collège, mais aussi l’introduction d’un enseignement consacré aux langues et cultures de l’Antiquité accessible à tous les collégiens. Et les élèves qui souhaitent aller plus loin pourront également suivre des enseignements de complément de latin ou de grec (une heure hebdomadaire en 5e, deux heures en 4e, deux heures en 3e).
La pratique de l’allemand va décliner au collège
Faux. La réforme prévoit de supprimer les classes bi langues en 6e (qui concernent 15% des élèves) et les sections européennes pour permettre l’apprentissage d’une deuxième langue dès la 5e à tous les élèves. Du coup, certains observateurs, tels que Jean-Marc Ayrault, craignent que la langue de Goethe soit encore affaiblie. «Mais pourquoi les familles qui choisissaient l’allemand en 6e, le ferait pas en 5e?», s’interroge Claire Krepper, secrétaire nationale du se-Unsa, Pour répondre à ces inquiétudes, Najat Vallaud-Belkacem a déclaré au JDD ce dimanche que 515 postes seraient ouverts dans cette discipline à la rentrée prochaine et qu’elle nommerait un délégué ministériel chargé de la promotion de l’allemand.
L’interdisciplinarité, ça ne marchera jamais
Ni vrai, ni faux. Dans le cadre de la réforme, des séances d’enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) vont être introduits à partir de la 5ème dans plusieurs disciplines (langues et cultures étrangères/régionales, développement durable, sciences et société, santé, citoyenneté…). Ce qui va permettre à des enseignants de différentes disciplines de travailler ensemble. Mais certains syndicats estiment que ce système risque d'entraîner une concurrence entre les enseignants et engendrer des projets pédagogiques inaboutis. Difficile de savoir si cette crainte est justifiée. Une seule chose est sûre selon Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN-CFDT: «La formation des enseignants à ces nouvelles pratiques est une condition de leur réussite.»
La réforme tire les élèves vers le bas
Vrai et Faux. C’est l’argument des opposants UMP à la réforme, dont Bruno Le Maire estimant que le gouvernement abandonne ainsi «l’excellence républicaine». Car les classes bi langues tout comme le choix des options latin et grec étaient l’apanage des meilleurs élèves et étaient utilisés par leurs parents pour faciliter l’accès de leurs enfants aux classes les plus élitistes. Or, cette réforme vise à rétablir davantage de mixité au sein des collèges et à améliorer le niveau général des élèves. Un accompagnement personnalisé est aussi prévu: «Ceux qui sont en retard pourront ainsi combler leurs lacunes, et ceux qui sont en avance approfondir leurs connaissances», a précisé la ministre dans le JDD.