Exécutions en Indonésie: Le recours de Serge Atlaoui sera examiné ce mercredi par la justice
JUSTICE•Les soutiens du Français condamné à mort ne cessent de dénoncer les «dysfonctionnements de la justice indonésienne»...Vincent Vanthighem
«On se sent vraiment tout petit et impuissant face à cette immense machine judiciaire.» Sabine Atlaoui sait pourtant que cette «machine» est la seule, aujourd’hui, capable de sauver son mari autant que de le broyer. La justice indonésienne doit examiner, ce mercredi, le recours administratif du Français de 51 ans condamné à la peine de mort pour «trafic de stupéfiants».
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«Nous contestons le fait que le président indonésien n’a pas motivé le rejet de sa demande de grâce, confie à 20 Minutes Richard Sédillot, l’avocat du Français. Mais nous ne connaissons que la date de l’examen. Rien d’autre…» Difficile en effet de comprendre précisément comment la justice fonctionne à plus de 11.000 kilomètres de Paris. Encore plus quand elle est rendue dans une langue qui emprunte un autre alphabet que le nôtre.
Chimiste ou soudeur?
C’est pourtant l’un des angles d’attaque de la diplomatie française qui a pointé du doigt de «graves dysfonctionnements de la justice indonésienne» pour tenter de sauver le Français du peloton d’exécution auquel il est destiné.
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Intransigeante avec les trafiquants de drogue, la justice indonésienne l’a d’abord condamné à la perpétuité avant de transformer la sentence en peine de mort, en appel. Elle considère que Serge Atlaoui était un «chimiste» parfaitement conscient du travail qu’il effectuait dans ce laboratoire de fabrication d’ecstasy. Lui a toujours prétendu être parti en Indonésie dans le but de souder des machines dans une usine d’acrylique pour un salaire «au noir» de 2.000 euros la semaine.
Une association de malfaiteurs jugée un par un
«Pour lever le doute, il aurait au moins fallu le confronter aux autres personnes mises en cause, tacle Richard Sédillot. C’est le seul pays qui juge un par un les dix-sept membres présumés d’une association de malfaiteurs.»
L'île prison de Nusa Kambangan où est détenu Serge Atlaoui. - BAY ISMOYO / AFP
C’est l’un «des dysfonctionnements graves» que dénoncent les autorités françaises. Tout au long de la procédure, le Français a toujours vu ses demandes d’auditions de témoins refusées. «Alors que plusieurs personnes présentes dans l’usine ont toujours prétendu qu’il ne savait rien…», poursuit Sabine Atlaoui.
De la fermeté politique
L’autre problème, c’est que le nouveau président indonésien, Joko Widodo, a été élu sur un programme de fermeté vis-à-vis des trafiquants de drogue. Et que la justice n’est là que pour appliquer des décisions rendues possibles par des textes de loi. «C’est tout de même étrange de voir le procureur général donner une décision de justice dans une interview dans la presse locale avant même qu’elle ne soit rendue en audience», poursuit Richard Sédillot.
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C’est sans doute pour cela que les soutiens de Serge Atlaoui se montrent, aujourd’hui, très prudents quant aux chances de succès de son recours administratif. «Nous continuons à être mobilisés pour obtenir la clémence des autorités indonésiennes», confie ainsi le Quai d’Orsay. En cas d’échec, il ne restera plus à Serge Atlaoui que de choisir entre mourir assis ou debout face à un peloton de douze tireurs.