Année de césure: «Cette expérience m’a fait gagner en humilité et en maturité»
TEMOIGNAGE•Selon une étude Viavoice pour Animafac, un jeune sur deux voudrait effectuer une année de césure. «20 Minutes» a recueilli le témoignage de ceux qui ont sauté le pas...Delphine Bancaud
Dans certains pays, faire un break pendant ses études pour faire un stage long, partir à l’étranger ou effectuer une mission humanitaire est un passage presque obligé. Mais pas en France. Selon une étude Viavoice pour Animafac parue ce mardi, si l’année de césure attire un jeune sur deux, seulement 15% sautent le pas. Et pourtant, cette parenthèse utile est plébiscitée par les jeunes qui en ont fait l’expérience.20 minutes a interrogé trois d’entre eux.
Mehdi, a pris deux ans de break dans son cursus pour cumuler les stages
«J’avais la conviction qu’aller voir ce qui se passe dans le monde professionnel serait très formateur et m’aiderait à déterminer ma voie. Alors, après ma première année à l’ESCP, j’ai décidé de faire une année de césure. J’ai effectué un stage dans une grande entreprise pendant six mois, puis un autre dans un cabinet d’investissement. On m’a confié des missions d’analyste financier et je me suis senti opérationnel tout de suite. Pour découvrir encore un autre univers professionnel, j’ai pris une autre année de césure pour m’envoler à San Francisco. Cette fois-ci dans une start-up où je travaillais dans le recrutement. J’ai adoré l’ébullition qui y régnait. Cette expérience -décisive- m’a permis de devenir bilingue et me vaut aujourd’hui de travailler dans une start-up technologique. Ces années de césure m’ont réellement permis de poser les fondations de ma maison!»
Pourquoi l'année de césure reste boudée par les étudiants Français
Kaïna a fait un break pour découvrir le travail en ONG
«Mon cœur balançait entre la solidarité et la communication. Quand j’ai trouvé un stage de dix mois en tant qu’assistante de communication chez Médecins du monde à Londres, j’étais aux anges! J’ai effectué cette année de césure en 3e année d’IEP. Pour la financer, j’ai puisé dans mes économies, bénéficié d’une bourse Socrate et de petites indemnités de stage. J’ai dû me serrer la ceinture, mais ce que je vivais le valait bien. J’étais à la fois chargé de rédiger des communiqués de presse, de recruter des bénévoles et d’accueillir des étrangers sans papiers dans un centre de santé. J’avais 20 ans et je ne connaissais pas grand-chose de la vie, mais cette expérience m’a fait gagner en humilité et en maturité. Mon retour n’a pas été évident car il a fallu reprendre le rythme des études pendant deux ans après avoir touché du doigt la vraie vie. Mais cela a conforté mon choix d’orientation dans la communication. Et je pense que cette expérience m’a permis de trouver mon premier emploi rapidement.»
Julie a fait une pause d’un an dans ses études pour découvrir le monde de l’entreprise
«Avoir deux expériences de six mois sur son CV avant de chercher du boulot, c’est forcément un atout. Entre ma 2e et ma 3e année d’études à l’ESC Bordeaux, j’ai fait une année de césure. J’étais aussi convaincue qu’il fallait découvrir des univers différents. J’ai enchaîné un premier stage au service marketing des éditions du Chêne, où je montais des opérations promotionnelles et une expérience au musée du Quai Branly, toujours en marketing où j’étais chargée de fidéliser les adhérents du musée. Ces deux approches de l’entreprise ont été formatrices pour moi et m’ont permis de me servir de ce que j’avais appris en cours. Tout ça sous le regard bienveillant d’un maître de stage qui m’a guidée dans mes missions. A mon retour à l’école, j’ai senti que mon expérience était valorisée. Les profs m’invitaient à parler des cas concrets que j’avais rencontrés en entreprise. Cela m’a aussi donné envie de connaître d’autres aventures et j’ai décidé ensuite de partir au Venezuela pour poursuivre mes études».