Pourquoi l'année de césure reste boudée par les étudiants Français
EDUCATION•Selon une étude Viavoice pour Animafac* parue ce mardi, si l’année de césure attire un jeune sur deux, seulement 15% des 18-25 ans sautent le pas...Delphine Bancaud
Un break salvateur pendant son cursus. L’année de césure permet aux étudiants d’interrompre provisoirement leurs études pour partir à l’étranger, effectuer un stage long, faire un service civique ou une mission humanitaire... Une parenthèse utile qui leur permet de mûrir, de diversifier leurs expériences, de sortir de leur cocon et parfois d’apprendre une langue. Mais cette pratique très courante dans les pays anglo-saxons et même chez nos voisins européens, reste minoritaire en France. Selon une étude Viavoice pour Animafac* parue ce mardi, si l’année de césure attire un jeune sur deux, seulement 15% des 18-25 ans sautent le pas.
Et ce «gap year» reste l’apanage des grandes écoles, qui incitent fortement leurs élèves à faire une pause dans leur cursus. Car de nombreux freins empêchent les étudiants de l’université notamment à saisir cette opportunité. Selon l’étude, 51% de ceux qui ont renoncé à sauter le pas expliquent qu’ils n’ont pas pu le faire pour des raisons financières. «La barrière financière est réelle car un étudiant boursier qui interrompt ses études perd sa bourse. L’année de césure reste donc l’apanage des étudiants privilégiés», souligne Alexandre Leroy, président de la Fage.
Peur d’être pénalisés dans leur cursus
En outre 36% des sondés expliquent qu’ils ne se sont pas lancés parce qu’ils craignaient d’être pénalisés dans leurs cursus et 30% car ils préféraient finir leurs études au plus vite. «Cela montre la pression du diplôme qu’ils ressentent. La France a les étudiants présentant la moyenne d’âge la plus faible d’Europe car la linéarité du cursus est perçue comme un facteur de réussite, contrairement à d’autres pays. Au Danemark par exemple, l’année de césure est valorisée et rapporte des points à l’étudiant», explique Coline Vanneroy, déléguée générale d’Animafac. «Un étudiant qui interrompt ses études à la fac peut être pénalisé, car il n’est pas sûr d’intégrer le master 2 qu’il souhaitait par exemple, ou de trouver de la place dans la licence avec l’option qu’il visait», ajoute Alexandre Leroy. Et alors que ces expériences enrichissantes constituent un plus sur un CV, beaucoup d’établissements du supérieur ne les valorisent pas dans le cursus.
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Ouvrir un droit à l’année de césure pour tous
Mais la donne pourrait changer car le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone a préconisé d'ouvrir à tous les étudiants le droit à une année de césure dans son rapport Engagement citoyen et appartenance républicaine remis au Président de la République le 15 avril dernier. Le sujet est d’ailleurs sur la table dans la concertation sur la vie étudiante engagée entre le ministère de l’Education nationale et les organisations étudiantes.
«Nous demandons que ce droit à une année de césure soit encadré afin que chaque étudiant puisse être assuré d’être inscrit dans le cursus de son choix à son retour. Il faut aussi qu’il puisse utiliser son droit de bourse pendant ce break et que cette parenthèse utile soit reconnue en figurant dans l’annexe descriptive du diplôme», déclare Alexandre Leroy. «L’étudiant qui prend une année de césure ne doit plus être considéré comme un décrocheur et les universités doivent davantage communiquer sur cette possibilité de break», renchérit Coline Vanneroy. La balle est désormais dans le camp de Najat Vallaud-Belkacem.
*Cette étude en ligne a été réalisée du 2 au 8 avril pour l'association Animafac sur un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population âgée de 18 à 24 ans résidant en France métropolitaine.