Renault: Pour la CGT, la stratégie de Carlos Ghosn «a fragilisé l'entreprise»
AUTOMOBILE•Le deuxième syndicat chez le constructeur automobile reproche au dirigeant franco-brésilen d'avoir trop externalisé...20 Minutes avec AFP
Décidément, les critiques s’accumulent contre Carlos Ghosn, le patron de Nissan Renault. Le 24 avril dernier, le quotidien économique Les Echos pointait la hausse de 169% de la rémunération du PDG pour s’établir à 7,2 millions d’euros (contre 2,67 en 2013). Ce mercredi, le syndicat CGT en remet une couche mais s’attaque cette fois-ci à la stratégie financière du dirigeant franco-brésilien.
Lors d'une conférence de presse organisée à la veille de l'assemblée générale des actionnaires, la CGT, deuxième syndicat de Renault, est revenue sur les «10 ans de stratégie financière» de Carlos Ghosn, à la tête du constructeur depuis 2005 . Dix ans qui devaient «renforcer Renault mais l'ont largement fragilisé», selon Fabien Gâche, délégué syndical central CGT, qui veut «replacer le travail au cœur d'une réussite industrielle».
«On a tellement externalisé»
Dans ce contexte, le syndicat dit «chiche» à un plus fort engagement de l'Etat, au travers de son droit de vote double, issu de «la loi Florange», sauf vote contraire des actionnaires. Mais il faut « prendre en compte l'intérêt commun de l'entreprise, de ses salariés et plus globalement de l'économie du pays et de la filière automobile en France », a dit le responsable syndical.
Pour la CGT, la politique de rachat d'entreprises et d'investissements à l'étranger, le développement d'une ingéniérie «low cost» en Inde ou en Roumanie, ont «dévitalisé complètement la capacité interne de l'entreprise», qui était fondée sur «l'innovation et le savoir-faire». «On a tellement externalisé», a observé Fabrice Gâche, que Renault est confronté «à des problèmes pour sortir les véhicules dans les délais et des problèmes de qualité».
«Des usines françaises qu’on sous-utilise»
«D'un côté, on a des usines françaises qu'on sous-utilise et de l'autre, en Turquie, des sites qui sont à 120% de leurs capacités et n'arrivent pas à répondre au carnet de commandes», a-t-il fait valoir, en liant la baisse des ventes de la marque Renault (de 2,2 millions en 2005 à 1,3 million en 2014) à la baisse des capacités de production en France.
Pour le syndicat qui se dit «inquiet» pour l'avenir du constructeur au losange dans l'Hexagone et donc pour les emplois, après une fonte d'un tiers des effectifs en 10 ans (31.887 salariés fin 2014), il faudrait au contraire «équilibrer» la fabrication en relocalisant en France une partie de la production. Fabriquer une Dacia Sandero à l'usine de Flins «ferait baisser au pire le niveau de marge de 2%», souligne la CGT dans un petit journal de 4 pages distribué aux salariés où elle fait part de ses propositions pour changer de stratégie. Une publication qu'elle distribuera jeudi aux actionnaires.