TRANSPORTCrash d'un avion A320: Comment combattre la phobie de l’avion?

Crash d'un avion A320: Comment combattre la phobie de l’avion?

TRANSPORTLes demandes de stages pour surmonter sa peur de l’avion ont augmenté depuis une semaine…
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Le crash de l’avion de Germanwings survenu mardi dernier a réveillé la peur de l’avion chez certains Français. La preuve: depuis une semaine, plusieurs centres de formation pour surmonter l’appréhension de l’avion enregistrent une augmentation de la demande. «Nous avons reçu une soixantaine d’appels d’anciens stagiaires qui veulent revenir se former parce que ce drame a conforté leur anxiété. Une trentaine de nouveaux clients ont aussi demandé à participé à une session», raconte Xavier Tytelman, formateur en aéronautique, au Centre de traitement de la peur de l'avion. Idem chez Flight sensations: «Nous avons reçu 30% de demandes en plus en une semaine, car la forte médiatisation de ce crash a eu un effet anxiogène pour beaucoup», explique Louison Duruisseau, instructeur de vol.

Pour leur venir en aide, des formations sont organisées généralement sur une journée: elles prévoient une séance théorique qui aborde les statistiques aériennes, les différentes situations critiques dans les airs (turbulences, orages, pannes…), la formation des pilotes, la maintenance des avions… Plus un entretien avec un psychologue et un exercice sur un simulateur de vol. «De quoi démontrer par A+B aux passagers que l’avion reste le moyen de transport le plus sur et que les catastrophes sont rarissimes: il y a environ 9 crashs mortels par an alors que 3 milliards de personnes empruntent l’avion chaque année», rappelle Louison Duruisseau.

Des stratégies de contournement de l'avion

Avec des résultats à la clé: «93% des stagiaires peuvent emprunter l’avion à nouveau après le vol et leur niveau d’anxiété a fortement diminué», affirme Xavier Tytelman. Un bémol cependant: le cout de la formation d’une journée (entre 400 et 500 euros) que certains parviennent tout de même à faire financer par leur entreprise ou à s’en faire rembourser la moitié par leur mutuelle.

Pour les anxieux de l’avion qui n’ont pas les moyens de se payer un tel stage, le risque de voir leur phobie des airs reprendre de la vigueur est bien réel après ce crash. Certains tenteront même d’éviter ce mode de transport le plus possible, comme après chaque catastrophe aérienne: «Après le 11 septembre 2001, la mortalité routière a fortement augmenté aux Etats-Unis, car de nombreuses personnes ont pris la voiture au lieu de prendre l'avion», confirme Louison Duruisseau.

Une suspicion vis-à-vis des pilotes

Après un drame aérien, d’autres comportements révélant l’angoisse des passagers se font jour aussi: «Ils évitent les vols de nuit, les vols avec escales et favorise la compagnie nationale», souligne aussi Xavier Tytelman. Germanwings étant une compagnie low-cost, il est également probable que les passagers les plus suspicieux délaissent ces compagnies pour des compagnies traditionnelles. En montant dans l’avion, certains seront aussi davantage aux aguets: «Ce drame risque de créer une suspicion vis-à-vis des pilotes et certains passagers vont construire des scénarios irraisonnés en estimant que tel ou tel aspect du vol n’est pas normal», souligne Louison Duruisseau.

Pour prévenir ces phénomènes des compagnies aériennes ont déjà réagit en instaurant ces derniers jours la présence d’une deuxième personne dans le cockpit en cas d’absence temporaire d’un des pilotes. Ces derniers sont aussi davantage présents à l’entrée de l’appareil lorsque les voyageurs montent dans l’avion pour montrer pate de blanche.