Stains: Les cinq policiers présumés «ripoux» présentés à un juge
JUSTICE•Ils pourraient bientôt être mis en examen...20 Minutes avec AFP
Cinq des six policiers de la brigade anticriminalité (BAC) de Stains (Seine-Saint-Denis) soupçonnés d'avoir participé à un trafic de stupéfiants et volé des dealers ont été déférés vendredi devant un juge en vue d'une mise en examen, a-t-on appris auprès du parquet de Bobigny.
Ces fonctionnaires avaient été interpellés, pour certains sur leurs lieux de travail, lundi et mardi par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la «police des polices»), et entendus dans le cadre d'une information judiciaire ouverte à Bobigny pour «vol et violences aggravés, association de malfaiteurs en vue de se livrer au trafic de stupéfiants». Leur garde à vue pouvait aller jusqu'à 96 heures.
«Perquisitions à la mexicaine»
«La garde à vue de l'un d'entre eux a été levée mercredi, les cinq autres ont été déférés devant un juge d'instruction (vendredi) après-midi », a déclaré à l'AFP le parquet de Bobigny.
Les cinq fonctionnaires, une femme et quatre hommes dont les âges n'ont pas été précisés, pourraient être mis en examen dans la soirée, l'un pour «association de malfaiteurs en vue de se livrer au trafic de stupéfiants» et les autres pour «faux» et «vols». Le parquet a requis pour le premier le placement en détention provisoire et pour les autres le placement sous contrôle judiciaire. En outre, il a demandé une interdiction d'exercer pour trois d'entre eux.
Ces policiers de cette commune déshéritée du nord de Paris sont soupçonnés d'avoir «ciblé des personnes» se livrant au trafic de drogue pour les voler et revendre la marchandise, et également de s'être livrés à des «perquisitions à la mexicaine», expression pour désigner des perquisitions qui n'avaient jamais été ordonnées par la justice.
Incompréhension et amertume
Interrogé par l'AFP, l'avocat de l'un des policiers, Daniel Merchat, a appelé à la « prudence » dans cette affaire. « A ce niveau de l'enquête, les faits qui ont été cités ne sont pas imputables à la totalité des mis en cause », a souligné l'avocat, dont le client «conteste» toute conduite délictueuse.
«En ce qui le concerne, il y a de l'incompréhension et de l'amertume, alors qu'il a le sentiment de s'être fortement investi dans son boulot», ajoute Me Merchat, qui précise que le groupe de la Bac mis en cause «s'était illustré dans de très nombreuses affaires de trafic de stupéfiants».
Selon lui, les accusations à l'encontre des policiers s'appuient sur «un témoignage sous X et des témoignages de délinquants notoires». «Les investigations conduites par l'IGPN devront permettre de relativiser ces imputations», estime-t-il.
Des agents expérimentés
D'après une source proche de l'affaire, ces agents «étaient en poste depuis 10 ou 15 ans». «Jusque-là, ils n'avaient jamais fait parler d'eux. Ils avaient même ramené de belles affaires», ajoute cette source, évoquant la présence de deux gradés: un brigadier et une major de police.
C'est la Direction territoriale de la sécurité de proximité de Seine-Saint-Denis qui a saisi le procureur il y a dix mois lorsque des comportements suspects ont été signalés par des indics et par certains de leurs collègues de la BAC de Stains.