INTERVIEWDon du sang des homosexuels: «On veut des exclusions temporaires et non permanentes»

Don du sang des homosexuels: «On veut des exclusions temporaires et non permanentes»

INTERVIEWDeux associations favorables au don du sang des gays prévoient une collecte par procuration pour sensibiliser public et politiques à cette interdiction discriminatoire...
Oihana Gabriel

Propos recueillis par Oihana Gabriel

L’Hôtel de ville du Mans (Pays de la Loire), comme chaque premier mercredi du mois, fait appel aux bonnes volontés pour collecter du sang. Enfin pas à toutes. Cet après-midi, deux associations qui se battent pour que les hommes homosexuels et les bisexuels puissent un jour donner leur sang, démarche encore interdite en France, organisent une action de sensibilisation originale, selon Le Maine Libre. Olivier Richard animateur de l’association Homodonneur pour les Pays de la Loire et organisateur de cette manifestation, a répondu aux questions de 20 Minutes.

>> Retrouvez notre carte des pays qui autorisent les homosexuels à donner leur sang

En quoi va consister cette action ce mercredi après-midi?

C’est une première. Nous organisons, avec une autre association, Homogêne, un marrainage, en gros on va donner notre sang par procuration. On va inviter des personnes hétérosexuelles ou des femmes homosexuelles, à donner leur sang à la place d’hommes homosexuels qui ne peuvent pas donner leur sang. Chacun vient avec sa marraine ou son parrain. La première personne va se faire refuser et tout de suite la personne le remplace. C’est plus positif! Sur l’événement Facebook, on était une dizaine de personnes à être inscrites. Mais on espère que l’événement sera marquant.

Quel est le but de cette manifestation?

L’objectif, c’est de dire que les personnes homosexuelles et bisexuelles sont toujours là et qu’elles sont prêtes à donner. Nos revendications sont toujours les mêmes: obtenir les mêmes conditions que les autres donneurs. A savoir, en cas de rapport à risque, une interdiction de quatre mois. On veut des exclusions temporaires et non permanentes. Et qu’on arrête de refuser des personnes en raison de leur sexualité mais si leurs rapports sexuels comportent des risques. Aujourd’hui on sait que des personnes homosexuelles mentent pendant l’entretien avec le médecin. Et c’est contre-productif: elle amplifie le risque de contamination. Selon des enquêtes faites par l’Etablissement français du sang, 25.000 personnes homo et bi pourraient donner. Cela représente environ 50.000 dons par an non prélevés. L'objectif de notre association Homodonneur, est, dès qu'on aura obtenu ce droit, de se dissoudre!

Est-ce que vous avez l’impression que l’opinion publique vous suit?

Quand on fait des démarches sur les collectes, beaucoup de gens apprennent que les hommes homosexuels et les bisexuels sont exclus du don de sang. Il reste un gros travail à faire sur l’information du grand public. Malheureusement, on associe encore trop le sida à la population homosexuelle alors qu’on sait de plus en plus d'hétéros sont contaminés. Je pense que contrairement au mariage pour tous, ce sujet n’est pas polémique, les gens sont d’accord avec nous. Malgré tout, il ne mobilise pas beaucoup. Même les associations LGBT ont mis beaucoup de temps à s'engager à nos côtés.

Et au niveau politique?

Il y a un an, Marisol Touraine [la ministre de la Santé] s’est prononcée pour la réintégration des homosexuels dans le don du sang. Mais on est toujours dans l’attente… Un rapport du député Olivier Véran de juillet 2013 sur le circuit transfusionnel a plaidé notre cause. On ne veut pas faire encourir de risque aux receveurs, mais simplement avoir les mêmes conditions sanitaires que les hétérosexuels.