JUSTICEHomicide involontaire: L'ancien procureur de Nanterre Philippe Courroye poursuivi

Homicide involontaire: L'ancien procureur de Nanterre Philippe Courroye poursuivi

JUSTICELa veuve d'un ancien substitut du magistrat a porté plainte après le suicide de son mari en 2012...
Faustine Vincent

F.V.

Mauvaise passe pour l’ancien procureur de Nanterre (Hauts-de-Seine), Philippe Courroye. La veuve de l’un de ses anciens substituts qui s’est suicidé dans la nuit du 6 au 7 mars 2012 avait porté plainte pour «homicide involontaire» et «harcèlement moral» le 16 septembre 2014. Elle lutte depuis trois ans pour obtenir une enquête. Le procureur général de Versailles (Yvelines) vient d’ordonner, le 10 février, au procureur de sa ville d’ouvrir une information judiciaire, qui va être confiée à deux juges d’instruction, révèle Le Monde.

«En 2008, Lionel Beauvais, un ancien professeur de français devenu magistrat, avait été affecté au parquet de Nanterre contre l’avis du Conseil supérieur de la magistrature par le procureur Philippe Courroye. En mars 2012, Anne, la compagne du substitut, a découvert son corps pendu, chez elle», rappelle le quotidien.

Le substitut aurait particulièrement mal vécu deux épisodes. «En 2009, Lionel Beauvais a été écarté du bureau de ses collègues pour laisser la place à un petit nouveau. Et en novembre 2011, Philippe Courroye lui a retiré les permanences de nuit, sans même l’en aviser», relate Le Monde. L'homme est alors tombé en dépression.

Non-respect d'un décret imposant un suivi médical

La qualification d’homicide involontaire «tient à ce que le procureur n’a pas respecté un décret de 1982 qui lui imposait d’organiser un suivi médical de ses magistrats», note le quotidien.

L’un des avocats de Philippe Courroye, Me Jean-Yves Dupeux, rétorque que «Lionel Beauvais était effectivement dans une situation psychologique très problématique. Et après un suicide, il faut toujours que ce soit la faute de quelqu’un.»

Philippe Courroye, 55 ans, a déjà eu des démêlés avec la justice, notamment pour avoir tenté en septembre 2010 de découvrir illégalement les sources de deux journalistes du Monde dans l'affaire Bettencourt, en réquisitionnant secrètement leurs facturations téléphoniques détaillées, les «fadettes». Il n’avait pas été sanctionné, conformément à l'avis du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).