«Depuis mon handicap je ne sais même plus ce qu’est le métro, ni le RER»
SOCIETE•Interrogés par «20 Minutes», nos internautes sont sévères sur le bilan de la loi handicap qui, pour la plupart, n'a pas assez amélioré leur vie...Maud Pierron
La loi handicap a dix ans. Mais tant sur le plan de l’emploi, de la scolarisation que de l’accessibilité des bâtiments publics et des transports, ses effets sont insuffisants. Les témoignages recuillis auprès des internautes, via notre page Facebook, confirment le constat. Les difficultés de la vie quotidienne concentrent les critiques.
«On a quitté le centre-ville de Marseille (Bouches du Rhône) car rien mais rien n'est conçu pour les fauteuils roulants», tance Nadine Nespoulous. Myl K., qui a utilisé un temps un fauteuil roulant, et en garde un souvenir amer: notamment «cette rampe d’accès d'une administration pensée de manière aberrante où il fallait soit se faire déposer immédiatement sur la rampe, soit arriver par la route car le trottoir était trop étroit». Et les transports en commun, avec leur peu d'ascenseurs, souvent en panne, sont si peu adaptés. Alors pour Sam, c’est net, «depuis mon handicap je ne sais même plus ce qu’est le métro ni le RER».
Transport en commun... pas pour tous
Au-delà des bâtiments publics, ce sont les villes qui sont mal pensées pour les handicapés. Trottoir trop haut ou trop étroit pour un fauteuil roulant, absence d'ascenceurs, sont les écueils le plus souvent cités par nos internautes. Et lorsque le trottoir a la bonne taille, «un panneau de signalisation trône au milieu. Comment fait la personne en fauteuil pour l'éviter?», s’emporte Caroline. «Mon père est en fauteuil et le centre-ville de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor) est surtout pavé, ça bloque les roues, témoigne Nadège Guéno. Et l'accès aux magasins est compliqué, il y a parfois des marches à l'extérieur, à l'intérieur, et peu d'ascenseur.»
Une autre internaute, Myriam Russo, s’emporte: «J'ai dû renoncer à aller dans un restaurant car les toilettes sont au premier étage et bien sûr avec un escalier! Ne parlons pas des magasins soi-disant accessibles mais devant lesquels il faut pousser la lourde porte pour entrer. N’est-ce pas se moquer du monde?» Sans parler du comportement plus que léger des «valides» - relevé par la majorité de nos internautes - concernant les places de parkings ou les caisses prioritaires. Autre cas du mépris des «valides» relevé: ceux qui se garent sur les places des arrêts de bus, insiste Catherine, «et qui de ce fait les empêchent de "sortir" leur rampe d'accès pour les personnes en fauteuil».
«Difficile éducation»
Mais certains internautes, peut-être plus optimistes, jugent que les mœurs évoluent dans le bon sens. «J'ai remarqué des changements de mentalité dans mon village et des efforts de la part de la mairie et des commerces qui font tout leur possible pour simplifier nos vies», note Florian Bombarde, hémiplégique. Maman d’une enfant de 7 ans handicapée moteur, Myriam W. explique qu’à l’école de son village, beaucoup a été fait pour intégrer au mieux sa fillette et que des travaux ont été réalisés dans l’école «avec rampe d’accès, toilette handicapé, parking handicapé.» Mais, note-t-elle, «nous menons un combat de tous les jours pour qu'elle vive le plus normalement possible».
Béatrice Bord en est certaine: «Il y a des progrès: on trouve souvent des bandes podo-tactiles devant les passages piétons, dans les gares, les médicaments sont de plus en plus souvent marqués en braille. Certains DAB permettent d'insérer un casque pour faire les retraits sans aide.» Certes, il reste des améliorations à faire pour les personnes en fauteuil roulant. Et aussi pour que «les "valides" cessent de se garer au milieu des trottoirs, ça ne coûte rien c'est juste de l'éducation, mais c'est sans doute une chose très difficile», poursuit-elle.