«Bacheliers méritants»: Un dispositif pour l'égalité des chances qui n'a pas encore fait ses preuves
EDUCATION•La loi Fioraso du 22 juillet 2013 donne droit aux meilleurs élèves de chaque lycée d'accéder à des filières sélectives...20 Minutes avec AFP
Le dispositif «bacheliers méritants», dont Najat-Vallaud Belkacem présente mardi les vertus en matière d'égalité des chances dans un lycée Marseillais, a été instauré par la loi Fioraso du 22 juillet 2013 mais a connu un démarrage décevant en 2014 à cause d'un décret d'application tardif.
Les meilleurs élèves poussés vers des filières sélectives
Le décret d'application de ce dispositif qui donne un droit aux 10% d'élèves de chaque lycée ayant obtenu les meilleurs résultats au bac d'accéder à des filière sélectives (prépas, BTS, IUT) n'a été publié que le 13 juin, alors que les élèves avaient déjà fait leurs choix au travers de la procédure admission post bac (APB) et n'a finalement concerné que 223 élèves.
Objectif: Lutter contre l'autocensure
«C'est déjà presque un miracle que l'on ait récupéré 223 élèves», estime Patrick Weil, historien spécialiste des questions d'immigration et de citoyenneté qui a collaboré à l'élaboration de ce dispositif. Objectif: ouvrir ces filières sélectives à tous les lycées de métropole et d'outre-mer et donc «lutter contre l'autocensure», qui touche aussi bien les élèves de certains lycées que leurs professeurs. Le dispositif repose en partie sur «une meilleure information des élèves» notamment de la part les enseignants, explique le chercheur.
Un effet sur l'attractivité des lycées
Contrairement à 2014, où 6.000 bacheliers qui répondaient aux critères de réussite ont été contactés par les rectorats (un millier ont répondu et 223 ont accepté la filière proposée), Patrick Weil espère que cette année de bons élèves des lycées qui traditionnellement n'envoient pas de candidats, seront encouragés à faire le choix de ces filières dès les voeux qu'ils formuleront dans le cadre de la procédure APB. Outre un effet positif sur l'orientation des élèves de milieu modeste, l'historien pense que le dispositif aura un effet à moyen terme sur les établissements scolaires eux-mêmes, en améliorant l'attractivité de certains lycées boudés jusque-là par les classes moyenne, favorisant ainsi la «mixité sociale».
Selon Patrick Weil, une étude sur un dispositif analogue expérimenté au Texas depuis 1996 a montré que «des élèves qui ne sont pas issus des meilleurs établissements secondaires ont de très bon résultats». Comme en 2014, le pourcentage des bacheliers méritants, qui chaque année est fixé par décret, a été établi en 2015 à «10% des meilleurs élèves par filière de chaque lycée».