«Ce dossier présente, de fait, un fort caractère pornographique et je n’ai pas l’intention de m’associer à cela…» C’est par une pirouette que Dominique Strauss-Kahn avait, lors de l’instruction, refusé de répondre aux «questions graveleuses» qui lui étaient alors posées. Ce mardi, l’ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) ne pourra plus reculer.

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Une semaine après le début du procès du Carlton, l’ancien favori des sondages en vue de la présidentielle de 2012 doit être officiellement auditionné par le tribunal correctionnel de Lille (Nord). Accusé, comme les treize autres prévenus de «proxénétisme aggravé», DSK devrait rester sur la position qu’il a adoptée depuis le début de l’affaire. Oui, il a couché avec de jeunes femmes. Non, il ne savait pas qu’elles étaient rémunérées pour cela. Son avocat, Henri Leclerc, n’a-t-il pas, durant l’enquête, mis au défi quiconque de «faire la distinction entre une prostituée nue et une femme du monde nue…»

Femme du monde nue versus prostituée nue

Une remarque à laquelle Jade et Malika* ne devraient pas manquer de réagir. Parties civiles dans ce procès, les deux jeunes femmes ont commencé à décrire, la semaine dernière, la triste réalité qui les a conduites à la prostitution. Evoquant, à la barre, son «frigo vide» et la menace de perdre ses enfants, Jade a également levé un coin du voile sur le volet du dossier qui concerne DSK, avant que le président du tribunal ne l’appelle à la patience d’un «Nous verrons cela plus tard».

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Confrontée à DSK dès ce mardi, elle va pouvoir rappeler ce qu’elle a déjà longuement évoqué face aux enquêteurs. Certes, les jeunes femmes n’étaient jamais payées devant l’ancien ministre de l’Economie. Mais «Toutes ces filles bien faites de leur personne, jeunes, complètement destinées à le satisfaire, il croyait quoi? Si ce monsieur considère qu’il ne pouvait pas savoir la qualité des filles présentes, c’est vraiment (…) nous prendre pour des cons!»

Une relation sexuelle sur scène après un strip-tease

Pour preuve, Jade devrait rappeler la discussion qu’elle a eue avec DSK dans une voiture alors qu’il la ramenait après une de ces soirées. Précisant alors qu’elle faisait du strip-tease dans une boîte et que sa prestation se terminait par une relation sexuelle, l’ancien patron du FMI lui aurait répondu. «Ça doit être chouette, j’aimerais bien venir te voir…»

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Les juges devront aussi s’attarder longuement sur deux soirées qui se sont, selon le dossier, déroulées dans un appartement de la rue d’Iéna à Paris. Malgré un montage complexe, les juges d’instruction sont parvenus à déterminer que cet appartement était loué par DSK lui-même. Le fil de l’accusation est ténu mais ce fait pourrait donner corps à l’infraction de «proxénétisme aggravé» dont Dominique Strauss-Kahn est accusé. Comme les treize autres prévenus, il encourt une peine de dix ans de prison et une amende d’1,5 million d’euros.

*A la demande de leurs avocats, les prénoms des prostituées ont été changés.