PORTRAITL'escroc des stars Christophe Rocancourt, un «incorrigible» capable de «vendre des bottins à un facteur»

L'escroc des stars Christophe Rocancourt, un «incorrigible» capable de «vendre des bottins à un facteur»

PORTRAITEnfant de l'Assistance publique, Christophe Rocancourt, a commencé à voler quand il était enfant de choeur...
Mathieu Bruckmüller

M.B. avec AFP

«Incorrigible», disent ses proches. Christophe Rocancourt, surnommé «l'escroc des stars» pour avoir grugé des vedettes d'Hollywood, dans les années 1990, est de nouveau dans le collimateur de la justice.

Actuellement détenu dans une affaire de corruption où il est soupçonné d'avoir tenté, contre paiement, de faire régulariser des sans-papiers, une affaire qui a valu au directeur de la PJ parisienne, Bernard Petit, d'être mis en examen dans la nuit de jeudi à vendredi pour révélation d'informations sur une instruction dans le but d'entraver le déroulement des investigations et la manifestation de la vérité», Christophe Rocancourt est, de plus, convoqué ce vendredi après-midi par un juge d'instruction dans l'enquête sur le vol, en juillet, de 52 kg de cocaïne au siège de la police judiciaire de Paris.


Un «beau mec» arborant fièrement des tatouages

Il devrait être interrogé sur ses liens avec Jonathan G., l'ex-membre de la brigade des stupéfiants soupçonné d'avoir dérobé la drogue et écroué depuis l'été. Par la voix de son avocat, Christophe Rocancourt, «conteste cette histoire rocambolesque».

Il «est incorrigible, on ne se refait pas», disait à l'AFP à l’automne dernier- sous le sceau de l'anonymat «pour ne pas me fâcher» - l'un de ses proches guère surpris par cette «énième» affaire. C'est, disent ceux qui le connaissent, un «beau mec» arborant fièrement des tatouages représentant, comme il dit, «mes femmes». Mais aussi, ajoutent-ils, un «filou», sous son éternelle allure d'adolescent au regard ironique, capable de «vendre des bottins à un facteur».

Rocancourt est un personnage de cinéma et a joué dans des films. Il est né en 1967 près de Honfleur (Calvados), abandonné par une mère prostituée et un père alcoolique. C'est un enfant de l'Assistance publique, fugueur, qui se découvre vite un talent de conteur et, surtout, une capacité à «être cru», racontait-il dans son autobiographie.

Enfant de choeur, il vole l'argent de la quête

Très vite, il se met à voler. D'abord, enfant de choeur, l'argent de la quête. Puis dans une bijouterie, à Genève, après plusieurs arnaques à Paris où il fréquente déjà la jet-set, et qui lui valent sa première incarcération en 1991. A sa sortie de prison, il débarque à Los Angeles, «baragouinant l'anglais», selon lui.

Il apprend vite et se fond avec aisance dans le monde du show-business et du cinéma. Il côtoie ou approche Michael Jackson, Elton John, Meryl Streep, et devient un intime du sulfureux comédien Mickey Rourke. «Je ne leur ai rien pris», jure-t-il.

«Machisme» et «promesses non tenues»

Il n'empêche: au fil des ans, menant grand train au volant d'une Ferrari entre L.A. et New York, il est condamné à cinq ans de prison aux Etats-Unis pour avoir soutiré des millions de dollars à des producteurs ou des milliardaires. Jusqu'à 43 millions, selon certaines estimations. Le chanteur français Michel Polnareff affirme aussi avoir été victime.

En France, ses démêlés avec la cinéaste Catherine Breillat ont fait les délices de la presse people... et de la justice qui l'avait condamné pour «abus de faiblesse» envers elle. La cinéaste avait livré un portrait contrasté, entre haine et admiration, de Rocancourt. Elle le surnommait «le Roc», pour son charme, sa solidité, son culot. Ou «le Rauque», pour sa «cupidité», ses «promesses non tenues», son «machisme».