PORTRAITBernard Petit, grandeur et décadence d'un «grand flic»

Bernard Petit, grandeur et décadence d'un «grand flic»

PORTRAITBernard Petit a été mis en examen et immédiatement suspendu, dans la nuit de jeudi à vendredi...
Le directeur de la PJ parisienne Bernard Petit le 23 juin 2012 à Bobigny
Le directeur de la PJ parisienne Bernard Petit le 23 juin 2012 à Bobigny - François Guillot AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Arrivé il y a un an à la tête du 36, quai des Orfèvres avec l'étiquette d'un grand flic de gauche, Bernard Petit, 59 ans, avait cherché à incarner l'exemplarité. Il a chuté brutalement, soupçonné d'avoir violé le secret d'une enquête.

Placé en garde à vue mercredi, soupçonné d'avoir renseigné l'ex-patron du GIGN, Christian Prouteau, avant son interpellation début octobre dans un dossier de corruption, Bernard Petit a été mis en examen et immédiatement suspendu, dans la nuit de jeudi à vendredi, un séisme pour le «36», siège légendaire de la police judiciaire parisienne qui vit une série noire.

Capable de dépoussiérer le «36»

En décembre 2013, la nomination de cet homme discret aux fines lunettes était survenue en pleines turbulences. Son prédécesseur Christian Flaesch, étiqueté proche de la droite, venait d'être écarté par Manuel Valls, à l'époque ministre de l'Intérieur, pour avoir prévenu un proche de l'ex-président Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, d'une convocation pour être entendu comme témoin.

Bernard Petit, alors n°3 de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) où il a fait l'essentiel d'une carrière jugée brillante et sans faille, arrivait avec l'image d'un «grand pro» capable de dépoussiérer le «36», tout juste centenaire.

A peine a-t-il commencé - non sans mal car il n'était pas du sérail - à imprimer sa marque que le Quai des Orfèvres est frappé fin avril par une première secousse: L'affaire du viol présumé d'une touriste canadienne par des hommes de la brigade antigang, la BRI, au siège de la PJ. Le nouvel homme fort fait face et évoque le «devoir d'exemplarité» des policiers.

«Homme de réseaux»

Quelques semaines plus tard, fin juillet, deuxième électrochoc avec le vol de 52 kg de cocaïne dans les locaux du «36». Et nouvelle épreuve pour Bernard Petit qui garde la confiance du gouvernement et réussit même un sans faute en janvier, après la tuerie de Charlie Hebdo et la prise d'otages de l'Hyper Cacher, où ses hommes sont en première ligne.

Las. En l'espace de quelques jours, l'homme a chuté, à la surprise générale, même si certains de ses détracteurs le décrivent comme un «homme de réseaux», voire en «tueur sous ses airs de ne pas y toucher».

Bernard Petit a débuté sa carrière en 1983 comme inspecteur (officier aujourd'hui), en bas de l'échelle, avant de devenir commissaire, major de sa promotion. En 1987, il est affecté à la DCPJ où il fait une grande partie de sa carrière.

Il y sera notamment chef d'état-major entre 1994 et 1997, adjoint, puis chef de l'office spécialisé dans la lutte contre les stupéfiants (OCRTIS) entre 2001 et 2007. En 2009, il devient adjoint au sous-directeur comme «patron» du pôle de la lutte contre le crime organisé et les violences aux personnes.

Depuis 2010, avant le «36», il était le n°3 en tant que sous-directeur en charge de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière. Il a également été en poste à l'étranger notamment au sein de ce qui est aujourd'hui la direction de la coopération internationale (DCI) soit 250 policiers et gendarmes présents dans 155 pays. Il a ainsi été affecté à Pretoria entre 1997 et 2001.